Monday, January 21, 2013

L'Instant jetzt


Conversation avec Rémy. On regrette de moins se voir. Mais il a un enfant, il n’est plus dans le même quartier. C’est drôle comme l’amitié est toujours « secrète ». Au fond. La voix parle différemment. Au cas où qqch d’important serait échangé. Et on ne sait pas vraiment ce qui d’important est échangé. Mais, enfin, si. Qqch. Etre un homme, ne pas être une femme, c’est important. Etre vivant, ne pas être mort, c’est important. Avoir une oreille, avoir une bouche, avoir un téléphone, plutôt que : pas oreille, pas bouche, pas téléphone.

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Réponses aux vœux


Michaux pensait que « L'ambition est le refuge des médiocres ». Vouloir plaire à ses amis, c'est aimer, c'est le refuge de l'intelligence suprême. 
Bonne année à toi, et mets-toi au boulot !
Love from,

A.








Perdre une illusion, c'est s'enrichir d'une vérité. Mais qui déplore cette perte n'est pas digne du gain. »  Arthur Schnitzler, Aphorismes.

Pour accompagner mes vœux d’une année douce, légère et allègre... 






Cher Yves-Noël,

Merci pour tes vœux, si amicaux !

« L'amitié est ce qu'il y a de plus nécessaire pour vivre. Car sans amis personne ne choisirait de vivre, eût-il tous les autres biens. Et de fait, les gens riches et ceux qui possèdent autorité et pouvoir semblent bien avoir plus que quiconque besoin d'amis : à quoi servirait une pareille prospérité, une fois ôtée la possibilité de répandre des bienfaits, laquelle se manifeste principalement et de la façon la plus digne d'éloge, à l'égard des amis... » Aristote in Ethique à Nicomaque.

Je chercherai donc en 2013 de nouvelles offrandes, pour le plaisir de te plaire encore.
Mes meilleurs vœux pour toi !

A bientôt,
Philippe






Mon cher Yvno, je t'embrasse très tendrement et te souhaite de sublimes travaux (il n'y en a pas à mes yeux de petits et Proust s'extasiant sur la cuisine ou le jardin fleuri de tante Léonie le savait)... Prends soin de toi et que 2013 te soit une belle année ! N'oublie pas que j'attend un livre de toi pour Les Jockeys camouflés... Les 2 premiers titres sortent le 10 avril.
Lili

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« Love, etc.

Salles de bain sans marbre



« Les édifices de Putman sont des séquences de contes muets, écrivait dans la revue « Intramuros », la journaliste Sophie Tasma-Anargyros. Ils relatent un effacement, une disparition de qqch qui fut cependant et dont elle façonne la trace. » Putman répondait : « Créer un intérieur, c’est faire le portrait du propriétaire sans que cela se voie ! Et que ce soit indatable. » (...) « Ecart », c’est aussi l’anagramme de « trace ». »



Parmi tous ces gens, on avait parlé d’Andrée Putman avec Dominique, au moment, peut-être, où elle mourait. On avait vu un film assez compliqué (mais très beau) à la fin de la journée de neige, au Gaumont Alésia, avec Eve, et on avait tous les trois lutté contre le sommeil, chacun prétendant n’avoir fait que plisser les yeux et que l’autre au contraire avait bien plongé. C’était le film avec Joaquin Phoenix. Alors Dominique avait raconté la fois où elle s’était endormie devant Emmanuelle Seigner qui jouait Mademoiselle Julie dans une mise en scène de son mari. Après — basckstage, — Dominique ne s’était pas démontée et avait raconté n’importe quoi, des invraisemblances, très beau le moment après qu’elle ait tué son père... Mais elle ne tue pas son père... Et Emmanuelle Seigner qui se démaquillait s’était retournée vers Polanski : « Tu vois, je t’avais dit qu’on n'y comprenait rien ! » Et il y avait eu la fois où Andrée Putman s’était endormie de A jusqu’à Z devant un Bob Wilson à l’opéra de Paris (en ronflant beaucoup) et qui avait été capable de raconter à Bob tous les détails de l’œuvre que Jean-Paul Scarpitta et elle qui n’avaient pas dormi n’avait pas même remarqués. (Ça avait fait rire.) 

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La Misère de Julia Kristeva et Philippe Sollers



J’écoute, en podcast, les « Hors-champs » consacrés à Philippe Sollers. Dans l’un des épisodes, il y a aussi Julia Kristeva. Laure Adler a l’idée de faire entendre les voix de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir (des voix atroces que je n’avais jamais entendues) et Laure Adler se met à les comparer. Ah, non, non, nous, c’est pas pareil, comparaison est trahison. Et, en se défendant, la femme psychanalyste de Philippe Sollers, glisse, elle parle très vite, que le mariage, pour elle, est un des beaux-arts (comme la tauromachie, dit-elle) et que donc le mariage, non, il n’est pas pour tous : il se mérite, le mariage, parce que c’est un des beaux-arts. C’est affreux. C’est atroce. Voilà la misère du couple ultra hétéro-blindé. « Le mariage n’est pas pour tous. » Ils en sont là. « Il faut que ça reste exceptionnel. » Tout en se pensant à l’avant-garde ! C’est eux, l’exception, les grands esprits hétéro-beauf ! Vive notre couple exceptionnel hétérosexuel ! Laure avait bien raison de les comparer. Ils sont pires. L’avant-garde éternelle.



En plus (esprit de l’escalier), Philippe Sollers raconte dans son livre qu’ils se sont, eux, mariés en quatrième vitesse, sans bague et tout, juste pour que Julia ne soit pas renvoyée à la frontière et puisse continuer à étudier en France. Mais c’était une autre époque, un peu avant 68. Ils étaient gauchistes, à l’époque. Maintenant, ils sont des apparatchiks. Il fallait les entendre se couvrir d’éloges l’un l’autre dans l’émission de Laure Adler (en parlant vite, en essayant d’en faire passer le plus possible...) Moi, plutôt qu’à Sartre et Beauvoir, des vrais morts, eux, au moins, moi, il m’ont fait l’effet du couple Balkany. Tel que je le connais des Guignols.

Le Livre que je voulais écrire



J’avais pensé peut-être faire un livre sur le livre que je voulais écrire — qui était Rauque la ville, de Jean-Pierre Ceton (je vois que sur la couverture le tiret entre Jean et Pierre est encore là). C’est le livre que j’ai découvert à la fin de mon adolescence — c’est-à-dire au début du grand désert — blanc — et qui a été ma Bible à cette époque, que j’offrais à tout le monde, etc. Et — quand je l’ouvre encore actuellement — j’en ai gardé un exemplaire pendant toutes ces années, — c’est toujours ma Bible. Je peux l’ouvrir à n’importe quel endroit, je tombe toujours sur le récit de ma vie, de ce que j’ai aimé dans ma vie, de ce que j’ai vécu — et qu’à l’époque je n’avais pas encore vécu : il m’a formé en quelque sorte. Lorsque je revenais ce matin d’Alésia, après avoir passé la nuit chez Dominique, et qu’il neigeait, j’ai eu l’idée, quand je suis passé à la hauteur de la rue Daguerre, d’aller voir si Jean Pierre (comme on l’écrit maintenant) n’étais pas chez lui, rue Danville. Je n’y étais pas passé depuis tout ce temps. Tout ce temps. Mais Jean Pierre était là sur la pas de sa porte. Il sortait justement se promener avec son fils de 11 ans. J’ai fait quelques pas avec eux. Jean Pierre ne voulait plus mettre de « s » au singulier à « corp » et à « temp ». Je lui ai dit que je ferai comme lui. Je lui ai parlé de la langue espagnole dont l’orthographe a été simplifiée (« elefante », « teatro », « rinoceronte »). Il m’a demandé quand. Je ne savais plus : il y a bien longtemp. L’espagnol s’écrit comme il se prononce. 

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Une Leçon de photo avec Dominique Issermann