Saturday, January 26, 2013

Ach !


« Vous savez, on dit en allemand, il y a une phrase célèbre : « Ach ! Zwei Seelen wohnen in meine Brust », Hélas, deux âmes habitent ma poitrine. Moi, je dis : « Par bonheur, deux âmes habitent ma poitrine. » »



« J’essaie, en ce moment, de comprendre cette espèce de tige vide qui est l’être-soi. Cette espèce de durée (Bergson a magnifiquement dit ça) qui continue en chacun de nous et qui, pour la plupart des gens, est une évidence, mais c’est pas du tout évident ! »

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« Elle restait dans la maison en manteau d’hiver... »

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Comme un Rimbaud


« Encore enfant, quitter mon pays, mes parents, mes appuis, mes ressources ; laisser un apprentissage à moitié fait sans savoir mon métier assez pour en vivre ; me livrer aux horreurs de la misère sans avoir aucun moyen d’en sortir ; dans l’âge de la faiblesse et de l’innocence, m’exposer à toutes les tentations du vice et du désespoir ; chercher au loin les maux, les erreurs, les pièges, l’esclavage et la mort, sous un joug bien plus inflexible que celui que je n’avais pu souffrir ; c’était là ce que j’allais faire, c’était la perspective que j’aurais dû envisager. Que celle que je me peignais était différente ! L’indépendance que je croyais avoir acquise était le seul sentiment qui m’affectait. Libre et maître de moi-même, je croyais pouvoir tout faire, atteindre à tout : je n’avais qu’à m’élancer pour m’élever et voler dans les airs. J’entrais avec sécurité dans le vaste espace du monde ; mon mérite allait le remplir ; à chaque pas j’allais trouver des festins, des trésors, des aventures, des amis prêts à me servir, des maîtresses empressées à me plaire : en me montrant j’allais occuper de moi l’univers ; non pas pourtant l’univers tout entier, je l’en dispensais en quelque sorte, il ne m’en fallait pas tant ; une société charmante me suffisait, sans m’embarrasser du reste. Ma modération m’inscrivais dans une sphère étroite, mais délicieusement choisie, où j’étais assuré de régner. Un seul château bornait mon ambition : favori du seigneur et de la dame, amant de la demoiselle, ami du frère et protecteur des voisins, j’était content ; il ne m’en fallait pas d’avantage. »

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« Un homme, disent les Chinois, ne laisse pas plus de traces dans une femme qu’un oiseau dans le ciel. »

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Au théâtre ce soir


Excellent spectacle, à Nanterre, d’une pièce de Lars Norén. De facture, si on peut dire, « classique », mais sans séparation entre la salle et la scène. Il faut dire qu’il y a un acteur, Jean-Pierre Darroussin que, moi, curieusement, je n’ai jamais vu au cinéma et qui est donc, pour moi, vierge, pas usé. Il est très fort. Il a l’air de Céline (Louis-Ferdinand). Je me demandais pourquoi il n’y avait pas plus de monde dans la salle, une vedette pareille. Cela dit, ça rajoutait au désuet du spectacle, au charme, cet hôtel désert, cette salle déserte, ce théâtre libre, plein d’espace, de vide et de vie. Les motifs, les reprises des motifs, les personnages, les personnages qui avancent (en se répétant), qui étaient là tout entier (dans le cas de Jean-Pierre Darroussin) dès la première seconde. Grand acteur. Réaliste. Ce que je dis pour Jean-Pierre Darroussin vaut pour les autres, très bons. Référence à O’Neill (mais j’y pensais) : Long voyage du jour à la nuit. Certainement les acteurs ont appris le texte, mais ça ne se sent pas : ils jouent, ils sont occupés : ils jouent. Ils ont un naturel à ça. Ils jouent. Ils sont comme s’ils jouaient toujours dans cet espace pris sur l’éternité. Parfois de la musique vient d’une chambre dans le off. Il y a un lac, la photo d’un lac, comme un lac. C’est canicule, août. On ne le ressent pas tout à fait car il fait assez froid dans la salle (ou bien je suis en train de tomber malade). « Cette maison est comme une chambre d’écho. » Autre réplique culte : « T’as pensé à mettre la voiture à l’ombre pour que maman n’ait pas trop chaud ? » Ne recommence pas à boire, on lui dit, à Darroussin, fais autre chose à la place, va crier dans la forêt. Et l’on voit bien, c’est terrible, qu’il ne va pas aller crier dans la forêt. Beaucoup de texte, mais transparent, néanmoins. Il y a des gens qui préfèrent le théâtre au cinéma. On suit mieux. Les illettrés, par ex. Les illettrés préfèrent le théâtre au cinéma. Curieusement. On suit mieux. « Je serai bientôt plus p’tite qu’Edith Piaf ! » Peut-être que je serai capable moi aussi, un jour, d’apprendre un texte et de le ressortir comme ça, sans que ça en ait l’air. « Du champagne coule sur le sable. » C’est étonnant — émouvant — comme les acteurs finissent par habiter ce lieu inhabitable — finissent, non, depuis le commencement — ce lieu inhabitable comme une scène de théâtre avec un décor posé dessus, c’est-à-dire un non-lieu, bien sûr, avec cette photo de lac très belle derrière les fenêtres sans vitres. Mais c’est ennuyeux, les histoires familiales. C’est peut-être — peut-être — la clé de tout, mais c’est ennuyeux. Est-ce qu’il faut être névrosé pour se reconnaître dans les pièces névrosées ? (Je veux dire qui décrivent des névroses familiales.) Chagrine remarquait qu’il n’y avait que des vieux dans la salle. Et sur les sièges vides : des vieux morts. « Merde ! J’en peux plus ! C’est pas bientôt fini, cette tragédie ? » (Réplique culte.) Le texte est juste un moyen de faire passer la pièce, ça ne produit rien en soi, ce texte. Alors, on se dit que ce moyen est quand même ennuyeux, que ce serait bien de trouver un autre moyen pour dire les choses. Que se passe-t-il à Paris pendant cette pièce qui n’en finit pas ? Que se passe-t-il à Paris, à Paris dans le monde, dans la grande ville ? A Mexico, qu’est-ce qu’il se passe à Mexico, à Londres, pendant que cette salle de vieillards regardent cette pièce qui n’en finit pas ? Tout le monde veut faire qqch de sa vie, mais, dans bien des cas, ce n’est pas nécessaire. Comment disait... ? « L’échec m’a protégé du pire. » Qui... ? J’écris parce que je m’ennuie tellement. Et les acteurs ont appris tout ce texte. Comment ont-ils fait pour apprendre ces tonnes de choses pour un public de vieillards ? Je n’ai rien contre les vieillards, mais il y a quand même autre chose à faire, pour des vieillards, que d’écouter des pièces de théâtre ! Même avec Jean-Pierre Darroussin. Je ne sais pas, je serais un vieillard, je ferais plein de choses de ma vie ! Le mot du technicien en régie : « Non, ça s’est bien passé ; bon, moi, j’commence à en avoir un peu marre, de Calme, mais bon. » En effet, c’est une pièce qui tape sur les nerfs. Calme. Molécules d’acteurs. Tant de cheveux, de chairs... (Seul bémol : j’ai pas dormi.)

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