Wednesday, February 13, 2013

L’Art de ne pas raconter



La Vie de Paolo Uccello, par Grand Magasin, est une reprise d’un spectacle de 1984. Une reconstitution dont il manque 90%. Il est temps pour moi d’abandonner toute grandiloquence car ici, ici absolument, mais « absolument » est de trop, il s’agit de la transparence. C’est-à-dire la poésie et — pas son contraire — la vie. Je ne puis même pas m’avancer pour dire quoi que ce soit sans déformer — comme le fait l’observateur en microphysique qui modifie, de manière décisive, ce qui est observé. C’est secret, c’est indicible ou, en tout cas, ce que je ressens, je veux le garder pour moi car — peut-être — dans le meilleur des cas — je ne le sais pas moi-même. Hautement conseillé (mais le mot « hautement » est de trop). (Seul bémol : le temps n’a pas passé.) (Deuxième seul bémol (exceptionnellement) : Jérôme Bel n’a pas aimé.)



« Paolo, dis-nous ce que tu aimes dans les paysages. — Les mottes. Les fossés. Les cailloux. Les touffes. Un petit buisson. Et chaque détail de la nature dans son style sec et cassant. »







Pascale Murtin
Bien sûr que si le temps est passé, il est juste passé devant, devant nous tel un caillou philosophale, perpétuel et angulaire, juste, devant nous dans la flaque verte, verte, vert clair, vert cassant, qu'à cette époque on négligeait presque toujours.

Labels:

Princesse

La Disparition


Rencontré, à Saint-Denis, Martine Pisani et Théo Kooijman. Très agréable. Ils habitent Saint-Denis et le cinéma L’Ecran est leur cinéma. Martine n’a plus de travail non plus. C’est très étrange de passer de mode. On parle un peu de ça, ce phénomène dont nous sommes les témoins : nous avons travaillé beaucoup et nous ne travaillons plus. Nous ne savons pas pourquoi. Claude Régy disait : « Ce qui est dur, c’est de durer ». Mais quelqu’un d’autre disait : « Le dur désir de durer »... De quelle mort devons-nous souffrir ? Martine qui marche depuis déjà quelque temp avec une canne dit qu’elle va aller au festival Hors Saison de l’Arcadi, « pour me montrer, pour montrer que je ne suis pas encore morte ». 



« Nous sommes corp à corp, nous sommes terre à terre
Nous naissons de partout, nous sommes sans limites »

Labels:

Les Fleurs de tous bouquets



Il est possible qu’un livre vous parle. Il est possible qu’un livre ait de l’importance pour vous. Il est possible qu’un livre marque une étape dans votre vie. Il en est de même pour un spectacle, un tableau, une musique, une chanson. Il est possible qu’un livre annule tous les autres, un livre ou un spectacle ou une musique... annule et rassemble tous les autres. Il est possible que ce ne soit plus la peine de connaître autre chose que ce que le livre contient. « Aimer une chose suffit », dit Peter Handke. Une chose amusante : Alexandre Barry, l’ami de Claude Régy — qui lit mon blog — avait vu que je portais aux nues le spectacle de Stanislas Nordey et d’Anja Hilling, Tristesse animal noir, au théâtre de la Colline. Il a tanné Claude Régy — avec mes arguments — pour qu’ils aillent le voir. Ils ont positivement détesté. Restés coincés pendant le temp du spectacle (qui leur a parut des heures...) En plus, à quelques centimètres, se trouvait Daniel Jeanneteau, ce qui obligeait Claude Régy à ne pas tourner la tête vers la droite : ils se haïssent. Ils ont passé une très mauvaise soirée. Alexandre Barry me dit donc au téléphone qu’il me tient un peu pour responsable et qu’il faudra qu’on parle. Je n’ai aucun mal de commencer la discussion. Ce n’est pas esthétique, mon intérêt pour ce spectacle que j’ai vu 2 fois et que j’aurais bien vu une troisième si ne s’était créé un engouement qui a rendu difficile le fait d’obtenir des places. Non, mon intérêt est au niveau de la sensation. Ça m’a procuré des sensations inoubliables, qui m’habitent bien entendu encore, qui me hantent, dont j’ai le souvenir précis qui fait que je suis encore, à la fois, dans la fournaise proposée sur la scène (il s’agit d’un feu de forêt) et dans ma vie de tous les jours accompagné des survivants, ces personnages antihéros touchants (car ils ont ressenti des choses) et vivants comme les acteurs qui les incarnaient, les portaient. Tout ça, pour moi, est vivant et c’est ce qu’on appelle, ce que Claude Régy appelle, la « rencontre d’une écriture ». Nul doute que Claude Régy ne pouvait pas rencontrer cette écriture qu’il n’avait pas rencontrée, lui. Il a assez à faire avec ce qu’il rencontre (aimer une chose suffit). Je vais mercredi revoir la pièce La Barque, le soir, à Orléans. Moi (qui ne suis qu’un simple spectateur), je peux aimer et Anja Hilling et Tarjei Vesaas. Pourquoi pas ?

Labels:

Le Voyage (2)









C’était le jour où Dominique avait mal à la hanche. Elle avait si mal qu’il a fallu la porter (Clément) pour qu’elle aille d’un bout à l’autre de cet appartement surhumain, si grand (500 m2, je l’ai déjà dit). C’est ces voyages dans cet appartement qui sont le plus fascinant. C’est comme se promener en forêt.

Labels: