Sunday, February 24, 2013

Jean Olivier Hucleux, galerie Claudine Papillon, accrochage permanent.

Labels:

« Faire monter la forme »



Je suis retourné à la galerie Isabelle Gounod et Thomas Lévy-Lasne était là. C’était le dernier jour de son exposition sublime. Il était dans la rue, il neigeait, je ne l’ai pas reconnu : dans mon esprit, il était brun, mais je ne voyais qu’un visage poupon et une barbe rousse. Il m’a montré les tableaux qui étaient dans la réserve. On a un peu parlé. Ça m’a passionné. C’est curieux comme ça m’intéresse à ce point, la peinture, mais ça m’intéresse. Je posais des questions naïves, comment c’est fait, combien de temps ça prend. L’aquarelle, l’huile. Il m’a parlé de qq techniques. Par exemple, les glacis qui permettent de faire vibrer la couleur. Par exemple, son autoportrait (qu’on avait sous les yeux), le fond, il passe d’abord un gros brun, il attend que ça sèche et ensuite il passe un jus gris qui donne une impression « atmosphérique » (je trouvais), de s’éloigner du fond. « Bon, c’est pas Léonard de Vinci, il me dit, mais... » Dans la réserve, il y a des paysages, des emblavures vides (un peu Richter), des portraits de bébés, de vieux, de femmes, des têtes de poules ou de mouettes. Il me montre des choses qui ont qq années, qui sont belles, mais d’une technique moins aboutie. Il me parle de progrès. Ça, ça m’intéresse. Bien sûr, la virtuosité, ça a à voir avec le progrès. Il me dit qu’il a hâte d’être encore meilleur. De pouvoir faire des choses encore plus folles. Il me montre comment il y a plus de matière dans les clairs et moins dans les sombres. C’est une technique que les peintres pratiquent depuis très longtemps, mais qui n’a été découverte qu’au début du XXème siècle. En fait, l’ombre, c’est un trou de lumière. C’est seulement vers 1900 qu’on l’a compris. Une chose si ancienne. On parle un peu de Justine qui doit être l’amie dont Marie Vachette m’a parlé et qui était sa copine à lui quand il était aux beaux-arts, il y a donc beaucoup de toiles et de dessins d’elle (la pauvre, elle a beaucoup servi). Il m’en montre une sur son iPhone, c’est Justine (donc) qui se maquille dans un miroir. Il dit qu’il aime bien ce moment de la vie des femmes où elles se regardent dans le miroir d’une manière très dure et que l’on sent, là, tout le poids que la société leur fait porter. Il me parle d’un tableau de Lucian Freud très beau où on voit une femme les jambes écartées, le sexe et le visage sur le même tableau, qu’il est très difficile de faire un portrait de femme avec le visage et le sexe qui ne soit pas misogyne, que celui-ci l’est encore un peu, mais moins, déjà. Il me dit qu’il a été étonné de la masse d’imbécilités qu’on lui a dite sur ses dessins pornographiques (qui sont très, très beaux). Il me dit qu’il aime bien capter (par exemple, dans la série des « fêtes ») le moment où un homme — ivre, en général — est attiré par une fille ou plusieurs, il appelle ça : « le syndrome couilles pleines » (si je me souviens bien). En sortant — il neige toujours — il me dit d’aller voir à l’étage de la galerie ... (qui partage la cour avec la galerie qui l’expose) un superbe tableau de Jean Olivier Hucleux, à la mine de plomb, qui représente le sculpteur Erik Dietman. Le tableau est sidérant. On a l’impression qu’il est en relief, que le gros ventre d’Erik Dietman sort de la surface. C’est le chien et loup, la galeriste — ou son assistante — me propose de mettre la lumière, mais, non, c’est plus beau, plus incroyablement beau, avec cette lumière de crépuscule de neige. Je demande le prix et, quand je redescends, je dis à Thomas que « je suis content de voir que tu vas bientôt très bien gagner ta vie ». Le tableau (de 2 ans de boulot) vaut 425 000 euros. Il me dit encore d’aller à la galerie Anne de Villepoix, rue de Montmorency, où un peintre allemand, Sven Kroner, peint des brise-glaces, c’est très beau. C’est en effet très beau — avec beaucoup plus de matière puisqu’il y a plus de blanc. C’est jusqu’au 30 mars, j’y retournerai. 

Ensuite — je fais une pause parce que ça n’a rien à voir — c’est d’ailleurs à l’autre bout du 3ème, à la galerie Valentin, la galerie Sultana... Tenues par des hommes, ces galeries, alors que les galeries des peintres figuratifs sont tenues par des femmes. Ensuite ? il s’agit de Nicolas Moulin, chez Valentin, jusqu’au 30 mars, une de ses meilleures œuvres, réellement très belle. Une ville entière, il a imaginé une ville entière, tout en béton, somptueuse, il l’a appelée : Subterannean. C’est une ville de science-fiction, une utopie, plus réelle que le réel. Je retombe amoureux de Nicolas devant cette beauté brutaliste, mais si délicate, ce travail obsessionnel, créer une ville, une ville parfaite. Il a travaillé en 3D, mais il a comme « patiné » le rendu pour lui donner l’apparence du dessin. Sans doute aussi fort que « Vider Paris » et que tant d’autres œuvres car l’ensemble est maintenant immense. Mon Nico. 
Chez Sultana, Arnaud Maguet qui — s’il y en a un qui sait recevoir, c’est bien lui ! — m’offre son catalogue extrêmement intéressant et bourré de citations qui se retrouveront bientôt par ici. Comme, par ex, celle de Franz Kafka (tirée de sa correspondance) sur la justice : « L’aveu et le mensonge sont identique. Pour pouvoir avouer, on ment. » Une œuvre absolument complexe et sensuelle dont il n’y a, à chaque fois, que les éléments d’un grand œuvre.
Tous les amis sont là, entre ces 2 galeries. Je fais le va-et-vient en jetant aussi un œil à ce qui apparait sur le chemin, comme chez Alain Gutharc que j’ai plusieurs fois rencontré avec Laurent Goumarre et qui est aussi le galeriste de Véronique Ellena. Très sympathique. Il était content de me recevoir « chez lui ». Alexandre Perrigot me parle d’un artiste corse (comme lui), David Raffini, qui expose à la galerie Torri, la porte à côté. Je vois tout ça. La nuit est tombée maintenant depuis longtemp et je pense toujours aux tigres, et je parle des tigres...

Labels:

Le Placard

Fêter la journée dans la nuit



J’ai vu un spectacle que je n’ai pas vu. J’habite aux Bouffes du Nord. Tout à côté. Je suis descendu en pantoufles (pas grave), mais sans mes lunettes ni mes lentilles de contact. Je n’ai rien vu. Mais j’étais bien placé. A la corbeille, en face. Et — je ne sais pas si c’est lié — c’est l’un des spectacles les plus beaux de ma vie ! Dans la journée, j’avais vu les tigres, chez l’éleveur ... et je me disais : c’est tant de beauté pour une journée, je vais me reposer — (je suis repu) — au spectacle. En fait, c’est vrai, je me suis reposé, mais la beauté appelle la beauté, c’est l’un des plus beaux spectacles que j’ai vu de ma vie. Et la grâce appelle la grâce. Et le réel appelle le réel. Et l’amitié appelle l’amitié. Je suis maintenant ami avec Jeanne Candel dont je n’avais jamais rien vu. Je suis maintenant aussi ami avec Olivier Mantei et Olivier Poubelle parce que, ce spectacle, c’est comme si je l’avais fait. Je suis responsable de toute la beauté en ce monde : ce spectacle, c’est comme si je l’avais fait. Mais je n’ai rien vu. Il serait si honnête de ne pas vous le décrire. De toute façon, c’est comme ça. La journée du vendredi 22 février est à marquer, pour moi, d’une pierre blanche. Aujourd’hui, j’ai vu les tigres, à Dampierre-en-Burly, et j’ai vu Le Crocodile trompeur, de Jeanne Candel et Samuel Achache, aux Bouffes du Nord (avec Judith Chemla, etc.). Je crois que je suis dans l’enthousiasme avec ce spectacle à peu près comme Dominique Issermann l’était avec Chic by Accident !
C’est très triste de ne pas pouvoir en parler... Mais Christine Armanger (qui m’invitait) parlera avec Jeanne Candel lundi, à 20h, sur Radio Campus.

« Je suis venu voir cette pièce. J’ai joué cette pièce. J’ai écrit cette pièce. »

Labels:

La Rue




Labels:

Lætitia Dosch 
C'est drôle,
je regarde ton blog et ai cru, pendant un instant, que ton film X avait été tourné dans mon appartement familial du 8ème qui dispose des mêmes tentures murales (dont j'ai oublié le nom du peintre, mais qui est très connu). 
Ça m'a fait rire de t'imaginer tourner ce film cochon à côté de ma grand-mère de 98 ans et ma famille très catholique ! J'aurais beaucoup aimé que Voltaire, leur teckel, y participe !
Je vois aussi une lettre où tu dis que tu n'as pas de travail, j'espère que la situation va vite s'arranger ; moi non plus, ce n'est pas une période faste du tout.
Et, pendant ce temps-là, il faut apprendre à vivre, ce que je trouve tu réussis très bien, si on prend en compte les photos des tigres !
Bises, et vite ton film !

Labels:

Une histoire

Les Tigres pour la vie


Aujourd’hui, j’ai rencontré les tigres pour la vie.



sortait un « Elle » très gros. « Ah ben, tu vois, toi aussi, tu es « Elle » ; pourquoi est-il si gros ? » « C’est un spécial mode. » « Oh, un spécial mode... » Notre petite révolutionnaire m’étonnera toujours. 
Je pensais à Hélèna qui sort un livre, L’Immobilier, et je lui en parlais : « Alors, elle, elle est encore plus « Elle » que Camille Laurens... » « Eh bien, tu ne penses pas qu’il vaut mieux l’être plus tant qu’à faire ? » Et elle me ressortit qu’entre Dostoïevski et Arlequin, il n’y avait rien. Je n’étais pas sûr qu’Hélèna visât la collection Arlequin, mais, c’était vrai, je savais qu’elle ne visait pas Dostoievski. Camille Laurens, peut-être. C’était peut-être ça. Moi, j’avais aimé ce livre de Camille Laurens que j’avais lu encore dans l’amour de Pierre qui l’avait aimé. Soit dans une autre vie. Mais on se souvient de ses vies anciennes. Tout est mémoire, dans cet univers, ça, le drame. Rien n’est jamais neuf, frais, vif comme le bel aujourd’hui de Stéphane Mallarmé, la chair est triste hélas.



Voir des bêtes, pour moi, c’est un peu comme quand j’allais en clubs échangistes : avant, c’est dingue, après, c’est dingue (l’effet que ça fait) et, pendant, on se dit : « Ah, ce n’est que ça... »



Le soir, je mangeais des sardines comme un chat en m’en fichant des arêtes — et je les sentais un peu sur mes doigts.



« J’aurais pu appeler ce livre Faux souvenirs. Non que je veuille consciemment dire des mensonges, mais, en écrivant, je m’aperçois que le cerveau ne dispose pas d’une chambre froide où conserver nos souvenirs intacts, il est plutôt un réservoir de signaux fragmentaires qui attendent que le pouvoir de l’imagination leur donne vie — et ceci, en un sens, est une bénédiction. »

Labels:

Chez Thomas Lévy-Lasne










Labels:

Gens du stage



Quelle merveille, ces gens du stage ! Encore une soirée avec eux. Aux bons amis, je crois, le nom du restau. Quelque chose pas du tout Paris — quelqu’un l’a fait remarquer : « On se croirait à Pontempeyrat ». C’est ça, le charme de Paris, on peut (aussi) ne pas y être. Être tout contre, mais ailleurs. Tous les milieux coexistent à Paris, toutes les splendeurs. 

Labels:

3 filles




Anne, Justine, Dominique.

Labels: