Tuesday, March 12, 2013

« Enki Bilal »



Très bon article dans « Le Fig Mag » de défense du livre de Marcela Iacub par Frédéric Beigbeder. J’ai acheté « Le Fig Mag » parce que Dominique Issermann a écrit l’édito du « Figaro Madame », c’est tout un ensemble qui sort pour le week-end. Aujourd’hui, il neige, il neige vraiment à Brest. Hier, c’était la tempête, nous étions sur les dunes de Sainte-Marguerite, à l’Aber-Wrac’h, sable dans les yeux, vent fabuleux, couleurs d’Océanie. La soirée d’hier était une très belle soirée de théâtre, de festival. Je me suis enquillé 3 spectacles très différents, mais de grande réussite. Celui de Laurent Chétouane pour lequel j’étais venu, une splendeur à laquelle je ne croyais plus : j’avais vu plusieurs filages où les danseurs semblaient encore très loin de la compréhension de cette pièce qui m’apparaissait trop complexe, trop ambitieuse. Et, hier, la première (mondiale), tout apparaissait comme par enchantement, oui, littéralement : Laurent Chétouane utilise sans doute la magie pour affirmer comme « sortie du vide » une première d’immense culture, d’immense tendresse après une générale médiocre. La pièce peut permettre encore d’être amoureux à la folie. Je suis donc toujours le fan de Laurent dont je vois, là, la 5ième chorégraphie. Ensuite, Enfant, la pièce de Boris, dans un environnement — l’immense salle de Quartz — comme construit pour l’occasion ; le fond de la scène ressemble à un blockhaus, la beauté des premières images est inoubliable, une sorte de rêve — ou de cauchemar — éclairé par Yves Gaudin. A 22h, encore, de nouveau, dans la navette, Brest, la nuit. Au théâtre de l’Instant, Lucas Manganelli m’avait fait venir avec un argument qui, par les temps qui courent, était intuitivement l’argument décisif (j’avais le  choix entre 2 spectacles) : « Tu sais, je travaillerais bien avec toi à l’occasion. » Eh bien, moi aussi ! Son travail est empreint d’une justesse d’amour et de tendresse, de réconciliation comme sans effort — la vie toute discrète est aussi toute disponible, toujours là, et elle traverse et elle rencontre même par le chas d’une aiguille. Nadège avait été adorable, elle nous avait mis des places pour chaque spectacle. Je n’osais lui dire que je la trouvais rajeunie, mais, quand elle aborda le sujet du vieillissement, je le fis. Les directeurs aussi avaient à voir avec la jeunesse, la vraie jeunesse, celui du Quartz, celui de Passerelle (le centre d’art) et Aurélie Filippetti qui était là n’était pas vieille non plus comme ministre ! J’aime à la folie Brest, cette porte d’Ouessant, surtout en cette saison. J’étais chez Xavier et je lisais des choses très belles dans la bibliothèque d’Hélène. Ce matin, Max Jacob. « Dans la forêt silencieuse, la nuit n’est pas encore venue et l’orage de la tristesse n’a pas encore injurié les feuilles. » Là encore, il faudrait recopier toute la prose de ce poème somptueux. Mais je vais sortir dans la ville sinistre — encore profiter, avant de prendre le train, de la beauté fantôme, « Enki Bilal », sous la neige,  de cette ville érigée en vitesse au-dessus de la vraie ville détruite, inaliénable et infinie de l’amour du bout-du-monde... La PORTE.

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