Monday, April 29, 2013

« Texte un peu in and out de ce que je ressens »



« Je suis un très mauvais homme d'affaire. En fait, je n'ai pas ce talent. Je suis trop dans l'honnêteté, dans l'intégrité, et c'est un énorme défaut dans mon métier. Je ne me vend pas. Je ne suis pas capable de me vendre. Je ne suis pas quelqu'un de très confiant, j'ai beaucoup de misère à croire à ce que je fais. Mais je le fais parce que c'est un besoin. Justement, je me bas pour ne pas devenir un produit... « Offrir un produit », ça me tue un brin de lire ça... J'ai travaillé dans des compagnies qui ne font que ça, des « produits ». Et à chaque fois, ces compagnies qui sont dans une prison (car ils doivent se rabaisser, même inconsciemment, aux demandes des producteurs) créent des spectacles qui parlent d'être « unique » et de « défendre ses différences » !!! (non, mais n'est-ce pas ironique ?) Je sors toujours de ces projets encore plus en furie et perdu, me trouvant trop dur envers ceux qui font le choix de « faire la pute », et plus pointu dans mon artistique. Mais dans mon esprit, pourquoi je n'arrive pas à faire la pute même le plus positivement possible ? J'ai refusé beaucoup de co-productions (des centaines de milliers de $) parce que ces très chers producteurs veulent faire à leur tête, à leur façon. Je ne suis pas prêt à faire des courbettes... Je reçois toujours un peu le même discours des producteurs. Je ne fais que mon petit bonhomme de chemin. Finalement, je ne suis pas si fonceur que je croyais. Je ne suis pas carriériste. Ai-je vraiment le goût de faire ça de ma vie ?
Je suis un sauvage fini. J'ai le syndrome de l'imposteur. Je ne fais parti d'aucun regroupement ou autre truc du genre. Je ne me présente jamais aux premières, aux cocktails, aux évènements corporatifs ; pour être vraiment franc, je suis un « freaking outsider » et un « loner ». Je n'aime pas aller serrer des mains et lancer des beaux sourires à gauche pis à droite. Alors je me débrouille tout seul. Je ne sais pas pourquoi, j'ai beaucoup de misère à faire confiance aux gens. L'argent, je vais travailler pour. Je déteste demander, voir quémander. Je crois que je suis pas mal désabusé, désillusionné. Et demain — ma compagnie ferme, sincèrement, je crois que ça m'enlèverait un gros poids de sur les épaules. Le milieu dans lequel j'évolue est tellement petit et fermé. Je parle ici du milieu de la danse contemporaine, des festivals et des producteurs autant canadiens qu'européens. Depuis un certain temps, j'aspire même à fermer ma compagnie — et juste aller faire des commandes. Fini la paperasse oppressantes et le manque d'argent pour créer. Je suis un brin pessimiste, je dois l'avouer, mais en 10 ans d'existence, ma vie avec la compagnie ne fut jamais heureuse. (Sauf — à part — avec mes merveilleux artistes avec qui je travaille.) »

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Je lus « Hôtel du Sourire » avant de reconnaître « Hôtel du Square »

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Ici a vécu Hervé Guibert





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Cette frontière écartelée, cette frontière de résistance


« Il n’y a pas un autre monde. Il n’y a même pas ce monde-ci. (...) Incapable de vivre dans l’instant, seulement dans l’avenir et le passé, dans l’anxiété et le regret ! Or les théologiens sont formels, c’est cela la condition et la définition même du pécheur. Un homme sans présent. »






Titre de spectacle : L'Homme sans présent.

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Autoportrait en voyage

La toute première lettre


« Gentille mademoiselle,
Ma timidité ne me permet pas (les rares fois où j’ai le plaisir de vous parler) d’exprimer mon admiration et l’estime que j’ai pour vous. Si vous pouvez me comprendre, si mes bonnes intentions peuvent être partager, je vous prie de m’aider à accomplir ce pas qui me semble si difficile.
En espérant être satisfait, avec tout mon respect, je signe,
Ronchi Gianni »

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« Évoquer : pour cela, il faut un théâtre. » (Philippe Sollers)



« Plutôt tout ce qui a été vu dans le fait de voir, ou toutes les formes possibles révélées dans une forme. C’est-à-dire que l’événement définit moins ce que l’on perçoit, en traçant de nouveaux territoires ou faisant percevoir de nouveau lieu, qu’il n’épaissit les frontières de que l’on apercevait net, il rend indistinctes les séparations. Ce qu’il fait apparaître relève moins de l’image que du mouvement. »



« Je ne peux plus faire la distinction entre ce que le spectacle me présente et ce que je convoque, je ne peux plus décider de ce que j’identifie. Vertige — de ma mémoire qui habite le présent. »



« cette mémoire de la mémoire qui n’existe que dans le poème »



« à moins que la fonction du théâtre soit, justement, davantage de rendre incertain que de rendre évident... »

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Rêverie


Rêverie... J’ai laissé Clara Chabalier, je l’ai accompagnée, mais je n’avais pas envie de voir le film. C’est toujours étrange de laisser une fille qui vous propose d’aller au ciné. Ça s’est vu tant de fois (au cinéma). Ça ne se fait pas. Ou alors. Pas facilement. En ce moment, elle est à voir Side Effects, de Steven Soderbergh. Il était dit dans « Libé » que je lui ai lu à haute voix entre le café Jaurès (où nous avions rendez-vous) et le cinéma Quai de Seine — quel printemps, d’ailleurs, les oiseaux strient la rue, les vaguelettes, le ciel, les feuilles trop vertes, tout bouge — il était dit : « la mécanique mercantile d’un monde de coquins antipathiques ». Avec Clara, on s’était vu parce que je l’avais admirée dans The Four Seasons Restaurant, de Romeo Castellucci — spectacle qui m’a bouleversé au-delà de toute mesure ; c’est pour moi le symbole de toute beauté : c’est comme si je ne l’avais pas vu, c’est comme si je ne l’avais même pas rêvé, je ne sais pas d’où m’en vient la mémoire — et — en même temps —, je n’arrive pas à croire que je ne vais pas le revoir (la tournée, en tout cas en France, est achevée, me dit Clara). Clara ajoute à mon désarroi, à mon incompréhension de la portée sublime de ce que j’ai vu — la portée sublime intime —, le récit de son travail avec Romeo Castellucci : en fait, elle n’a rien à dire, il n’y a rien à dire. Elle a travaillé à Berlin sur ce spectacle : répétitions : 2 jours. A Paris, elle est venue pour un remplacement (un autre rôle) : répétitions : 4 h seule (avec Romeo Castellucci) et une après-midi avec tout le monde. Ma raison vacille. Comment est-ce possible ? Comment ce que je compare, par ex, à La Callas, pour dire la beauté surnaturelle, ne nécessite pas de travail ? C’est invraisemblable. Du coup, on n’a plus rien à se dire, avec Clara. Clara est très belle. Maquillée, les lèvres. Avec un peu de dentifrice à la commissure (je n’ose le lui faire remarquer parce que je ne l’ai pas fait au début, au commencement, à son arrivée...) Elle est exactement aussi belle que dans ce spectacle où je l’ai vue belle au milieu de cet ensemble de femmes toutes aussi belles sauf qu’elle est la seule blonde. « Etait », je devrais dire, si c’est fini... « Banalité du théâtre, dit Eric Vautrin, opposée à la permanence de la  poésie littéraire. » On ne devrait pas dire de Steven Soderbergh, mais réalisé par Steven Soderbergh, de même que Promised Land est réalisé par Gus Van Sant. C’est tout. Ce sont des films de genre. De bouts de ficelle, de bonnes volontés. C’est si vulgaire, le cinéma américain, si, si vulgaire... C’est du divertissement et ça ne dit pas grand chose. Divertissement de quoi ? Ils se divertissent en regardant l’Amérique. Mais ils sont l’Amérique. Ils s’inventent quoi ? Rien.






(Peut-être Clara pour travailler avec Thibault le 8, 9...)







(...)
Au cinéma, le type m'a dit qu'il ne restait qu'une seule place dans la salle. Quand je suis entrée, le film était en train de commencer, je n'ai pas trouvé la dernière place libre. J'avais peur de déranger les gens. Alors je me suis installée sur l'escalier, et j'ai regardé ce film comme je regarde les films de ce genre, en cherchant les erreurs de raccord, en regardant les figurants au fond, parce que, vraiment, il n'y avait rien d'intéressant. On avait déjà tout lu, et même l'idée du film que je m'en faisais d'après Wikipédia était mille fois plus folle que tout ce que Soderbergh aurait pu faire. Edouard Levé a une phrase très belle : « Je préfère qu'on me raconte une exposition plutôt que de la voir de mes propres yeux ». J'y pense souvent. Et j'ai aimé comment tu m'as parlé du spectacle, car aujourd'hui je suis si triste que cette expérience soit finie. J'aime bien le revivre à chaque fois à travers la vision des gens. Et c'est ça aussi qu'un spectacle vit encore : c'est quand on le raconte. C'est d'ailleurs pour ça que je ne pouvais aller voir qu'un film nul : pour regretter encore un peu plus.



T'en fais pas... tu vas le porter encore longtemps sur ton visage, ce spectacle... Content qu'il n'est plus resté qu'une place, j'ai moins de regrets de t'avoir laissée (ou alors tu l'inventes par gentillesse à mon égard). (...) 


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Th (lac-fiction)


« le miroir, le lac ou toute incertitude d’identité »

« comme les eaux dormantes poussent à la contemplation et renvoient au sommeil, lui-même image de la mort... »

« dissolution du moi, une indistinction entre soi, son imaginaire et les perceptions sensibles. »

« Comme le cavalier de la fable, le spectateur-témoin cherche les limites du lac et les manque »

« Les personnages mourront (...) quand la fragilité de leur support leur sera révélée. »

« C’est ainsi le lointain qui manque. »

« La scène — l’écran de cinéma, le langage poétique aussi bien — deviennent à ce moment de l’histoire de l’art un vide. »

« le passage, l’espace à la fois mince comme de la glace (sens) et infini comme l’eau d’un lac (fiction ou « climat ») qui sépare les sens du langage) »

« Le spectacle dont je parle n’existe pas. Je l’ai inventé comme d’autres ont inventé un « lac » ou un théâtre qu’ils pensaient avoir traversé. » 

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Titre projet Silvia


Ma tutto è imperfetto




« Dans la boîte à clous, tous les clous sont tordus. »

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« Les élucidations
ne débouchent sur
aucune fondation.
une voix prend le relais
de la rumeur quand
les rêves se chevauchent
en ordre dispersé.
L'onde
de choc traverse le verre
et les abstractions.
Des filaments imperceptibles
appellent un quatrième état de l'eau.
La dépense surpasse
l'invention du sujet. »

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