Sunday, May 12, 2013

Le si sérieux projet


« Je crois beaucoup que, sur ce projet, on soit un peu sauvage »

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« Tout esprit profond avance masqué. »

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Let me alone



Théodora m’a dit au téléphone qu’il avait pensé que j’étais une plus belle personne. Je lui ai dit que moi aussi, exactement, j’avais pensé qu’il était une plus belle personne. (Et quelques autres amabilités.) « Déçu, je suis, oh ! comme je suis déçu... » Mais, en y réfléchissant, ça me touche qu’il m’ait dit ça parce que ça veut dire qu’il me mettait lui aussi sur un piédestal — moi, que je l’idolâtrais, j’étais au courant (j’en étais bien conscient), mais que lui aussi... Ça me laisse songeur... ça me touche... Lui aussi aurait donc été amoureux... L’effet de miroir... Maintenant, nous sommes un vieux couple. Ça n’a pas duré longtemps de jouer les princes. Une fois séduit, harponné, hameçonné, hop, on passe à autre chose. On dirait du Musset. C’est effrayant. J’ai toujours dans l’idée qu’Alfred de Musset est allé à la villa Médicis, il faudrait que je vérifie... Je confonds sans doute... Berlioz y est allé... Théodora, c’est le créateur, beau et moche à la fois, girouette, 360 degrés, un rien le fait vriller — et, en même temps, cet axe, c’est l’axe (la hache) — et la rose. Et moi ? Eh bien, moi aussi, je me défends comme un beau diable pour être beau et moche à la fois ! C’est tellement con, c’est vrai. Le point zéro. L’axe. La hache. Qu’il est beau, qu’il est rapide, qu’il est fort, Théo, Théodora ! Mais, en même temps, lui aussi m’a pris pour quelqu’un. Tout ceci est très excitant ! Priez sur nous, saint Romain, bâtissez notre maison ! Maintenant Théodora ne me dira plus rien. Il a compris que tout ce qu’on me disait était reversé sur ce blog. Dieu soit loué, il ne me dira plus rien. C’est-à-dire que c’est une maladie dont je souffre : je suis comme une éponge. Je préfère ne rien savoir des gens que je regarde comme des paysages aux langues étrangères, je préfère — sinon je suis envahi. « C’est l’envahissement qui compte », disait Michael Lonsdale dans la pièce de Wallace Stevens, Trois voyageurs regardent un lever de soleil...

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Charli














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Le Réel et le bordel (dramaturgie 1er avril)


La Question des images 
« Quel est le rapport ou le non rapport entre cette extériorité événementielle pure et le champ des images où vient presque toujours se perdre — ce champ des images — dans une représentation sans pensée, la puissance latente de l’événement ou le sens encore non révélé de la révolte ? (...) le rapport ou le non rapport entre la patience du réel et l’excitation impatiente que les images tentent d’imposer afin que chacun puisse se résoudre à passer sans lien, dans le décousu de l’impatience, d’une chose à une autre, un peu comme on passe d’un modèle de voiture à un autre. La question de la pièce *, c’est l’existence ou l’absence d’un désir qui, comme le disait Lacan, ne serait pas du semblant. Un désir animé par le réel, et non par les images. »



Le Balcon, de Jean Genet.



« Peut-on se soustraire aux images ? La révolution peut-elle se soustraire aux images ? »  



La Nostalgie du désir fantasmé



Le Meurtre du pur présent 
« Il en résulte que, pour nous, s’avancer dans les images du temps présent, c’est, en grande partie, tenter de saisir ce qui n’a pas d’image. Le présent du présent n’a pas d’image. Il faut désimager, désimaginer. Mais, voilà le piège, c’est que le pouvoir nu qui se cache derrière la subtile plasticité et la séduisante obscénité des images du monde démocratique et marchand n’a pas lui-même d’image. Il est bien un réel nu. Mais qui, loin de nous délivrer des images, en garantit la puissance. Le réel du pouvoir, comme pouvoir qui certes se tient dans le présent, mais n’est pas, lui, soumit aux images de ce présent, voilà ce qui se dissimule derrière l’imagerie démocratique contemporaine. Le personnage de la pièce de Genet qui montre, sur scène, cette puissance sans images de l’image elle-même est très normalement le chef de la police. Toute situation, nous dit ici le théâtre, a son chef de la police. »



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Comment écrire


« Ce que je dis là en une page, il nous fallut un regard pour le sentir. »

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Théodora, c'est moi


« Maintenant, Théodora suit la scène comme moi, dans le même oubli de moi que moi d’elle. »

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Dioscorea elephantipes


Théodora fait des crises. Il est allé voir Romain pour se plaindre que je le harcèle sexuellement. Pauvre gosse. Et puis il était pas content que je mette sa plus belle lettre sur mon blog — celle juste après que je sois venu à Rome : ah, il était amoureux à l’époque ! « J’ai envie que vous lisiez ce que je fais, de vous donner, à vous, des écrits frais, nouveaux, de frais désespoir, ceux de ma vie de maintenant. Le reste, les choses qui traînent dans les armoires bleues de ma chambre, de toute façon elles seront publiées un jour, soit après ma mort, soit avant, si une fois, de nouveau, je manque d’argent. » J’ai de nouveaux voisins. Manuel et Simon. Manuel m’a répété trois ou quatre fois dans la soirée — parce qu’il avait pris un truc qui le faisait ressembler à son personnage de légionnaire dans Mon képi blanc — qu’il n’avait pas « osé » m’inviter. C’est Thomas qui l’a fait — pauvre Thomas souffrant, il s’est séparé d’avec Benjamin avec qui il était depuis 5 ans. Là, ça fait 3 jours. Mais tous les garçons s’appelaient Benjamin dans cette fête. Curieusement. J’en ai rencontré un qui était plus gentil que les autres (moins pédé, quoi), un ami de François, qui m’a dit tout de suite que lui, oui, il pensait qu’il savait sucer, mais que ça le faisait rire. Ça le faisait rire parce que, quand il le faisait, il pensait à sa copine en train de lui faire. Il s’imaginait à la place de sa copine. C’est vrai que tout ça était réjouissant. Il m’a dit aussi que, plus il buvait, moins il savait sucer (pensait-il). J’ai cru un instant que c’était une stratégie pour me repousser, mais, non, ce type était juste sincère. De plus, il avait l’accent des gens de mon pays. Ça me semblait un bon signe qui me rassurait peut-être sur l’intérêt qu’il pouvait me trouver : peut-être que je lui rappelais son village. Je le perdais plusieurs fois dans la soirée — en l’oubliant instantanément —, mais, au bout d’un moment, il me manquait qqch — ou qq’un — dans cette soirée — sans savoir que c’était lui puisque je l’avais oublié,  sans savoir donc que c’était si facile de le retrouver, lui qui me manquait, parce qu’il était là, juste là, heureux de me retrouver, absolument bienheureux, parfois à la fenêtre à regarder la rue : « J’aime bien regarder par les fenêtres », me disait-il, et ça valait les secrets d’atelier de cette petite pute de Théodora ! (Bon, on parlera de Théodora une autre fois.) Les 2 filles autour desquelles il tournait, Benjamin, Marie et Emilie, m’ont donné une veste merveilleuse en sequins : c’est vrai qu’elle m’allait bien ! Dans la journée, j’avais été sur le site d’Yves Saint Laurent et je pleurais un peu de me plus pouvoir m’acheter des vêtements dignes de ma classe — les merveilles d’Hedi Slimane — et, en particulier, justement une veste comme de femme toute brodée de sequins qui était, de toute façon, même si j’avais eu l’argent pour des choses plus ordinaires (un foulard, une écharpe) inabordable. Tiens, si je m’étais renseigné sur le prix, j’aurais pu vous le dire — documentation ! documentation ! — mais de toute façon inabordable. Eh bien, cette veste, je la retrouvais ce soir et on me la donnait ! Les filles trouvaient que ça m’allait très bien, que, cette veste, c’était à moi qu’elle allait le mieux. Bref, je me suis pris une veste. Marie semblait, pour Benjamin, inabordable parce qu’il y avait dans la fête encore un copain de son mec : c’était pas possible de se mettre à l’embrasser. Donc il semblait naviguer en direction d’Emilie. « Elles ont toutes les 2 envie de se faire baiser », me disait-il. J’admirais son expertise. J’admirais qu’il ne perde pas le nord, tout en ne jamais me décourageant. Par ex, en partant, je lui disais qqch comme « Et puis, quand tu seras sans copine, pense que j’aurai plaisir à m’occuper de toi » et il répondait : « Mais je suis sans copine... » Néanmoins je rentrais, je ne sais pas pourquoi. Sans doute parce que je voulais qu’au moins l’une des 2 de mes bienfaitrices soit baisée. Les filles du bonheur. Aurais-je pu faire partie du lot ? Je veux dire : à 4 ? Oui, sans doute, mais j’ai une image de moi si dégradée, je ne sais pas pourquoi, je ne suis qu’une plainte. C’est ce que je me disais en rentrant, en survolant les voies ferrées : pourquoi cette plainte incessante, quelle fatigue tu trimballes ! quelle est-elle ? Quel est ce manque incommensurable et criant, béant, que je trimballe en ce moment ? Je lis Alfred de Musset. Ça explique ?

Paris masqué