Tuesday, October 08, 2013


Photo Patrick Laffont

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L a Soirée des effets ratés

   
Ce soir, pour la deuxième fois de ma vie à une première, l’alarme incendie a interrompu le spectacle avant la fin. La première fois avait été, à La Villette, pour Hamlet. Ici, c’est un théâtre flambant neuf. On n’en peut plus du mal que l’on nous fait, de ces humiliations permanentes. Hubert Colas avec qui j’en parlais me disait : « Dans 10 ans, on n’existe plus ». Nous, les artistes. Et ce n’est pas seulement nous, mais du mal que ces tueurs font à l’humanité en général. Ces salles de théâtre sont comme des morgues, mais tout, partout, c’est la mort. Ça pue la mort. Tout est temple du Salon de la Norme. Et tous les jours de nouvelles directives. On met maintenant des trucs lumineux au plafond qui sont des « anti-paniques », on ne peut pas les enlever. Tout est fait pour décourager de vivre. Il paraît que c’est au niveau européen, que chaque pays a ses propres normes et que l’harmonisation se fait en les additionnant toutes. C’est pas seulement ça. Et les enfants qui naissent. Quelle horreur ! Moi, je suis d’un temps où l’on pouvait avoir le silence et le noir et la beauté dans un théâtre (« boîte noire »), où l’on pouvait y faire du feu, de l’eau et de la magie. (Kafka : «  C’est là l’essence de la magie qui ne crée pas, mais invoque ») Moi, je ne dors jamais dans ces hôtels aux normes où l’on attrape (vraiment) la mort, je n’achète plus la nourriture chimique du XXème siècle, mais je peux me retrouver à jouer dans des théâtres pareils. Et j’ai renoncé à avoir des enfants. Ils nous font payer le prix fort. Je les hais personnellement comme si j’avais en face de moi mon bourreau. Les spectateurs qui le souhaitent peuvent revenir demain avec le même billet pour voir l’intégralité du spectacle L’Invention de la course à pied. 22h.

L ’Invention de la course à pied (et autres trucs)


Ce soir, nous ne présenterons pas, à Marseille, dans le cadre du festival Actoral, la forme présentée il y a 3 semaines en avant-première : Pour une fois que nous ne sommes pas morts (photo) (d’ailleurs, Chéreau est mort). A la place, nous présentons un spectacle sans doute plus essentiel, plus mystérieux, plus adapté au nouveau théâtre Joliette-Minoterie, 2, place Henri Verneuil (nouvelle place au bout de la rue des Docks, arrêt du tram : Euroméditerranée-Gantès), enfin, plus ou moins ceci ou cela, mais comment savoir ? — plus recentré, il me semble, autour du texte de Jean-Michel Espitallier (dont je viens enfin d’obtenir les droits) qui donne son nom au spectacle : L’Invention de la course à pied (et autres trucs). Ce soir mardi à 21h, demain à 22h.

« Imaginons un bijou, un bijou de corps, à partir de ce texte de Jean-Michel Espitallier, réjouissant et pourtant aussi troué par la mort, qui commence ainsi : « L’homme est ainsi fait qu’il passe son temps à inventer des choses qui ne lui servent strictement à rien ». La difficulté, pour moi, c’est que cette forme ne sera raccrochée à sa matrice (le lieu) qu’en dernière minute, puisque le lieu est un théâtre actuellement en construction. C’est donc une forme abstraite, un happening : la société d'hier est déjà morte, de toute façon... » (Y-N G)


Photo Patrick Laffont

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L e nouveau Chéreau


Photo Dominique Issermann