Friday, October 18, 2013

T o give, to be given


« I do not want to be admired. I want to give, to be given, and solitude in which to unfold my possessions. »

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Q ui est Pierre ?


Cette lettre écrite un peu rapidement, sur le retour, pour vous témoigner combien passer aujourd’hui quatre heures de stage en votre compagnie, ou sous votre direction, s’est avérée une expérience humaine riche en émotions (peur, joie, appétence sexuelle, tendresse, colère, etc.) et prises de conscience… et je dois l’avouer aussi en « beauté » ou quelque chose que l’on ne pourrait reconnaître que comme « beau ».
Sans doute me suis-je trouvé perdu ou désemparé sur ce grand plateau vide, mais d’entrée vous êtes parvenu à générer une ambiance propice à la relation. Jean-Jacques Pauvert a écrit dans ses Métamorphoses de l’Érotisme qu’après toutes les tentatives de définition de l’érotisme, la seule simple qu’il retient, c’est l’érotisme en tant que relation amoureuse. Peut-être trouverez-vous ça un peu naïf, mais il me semble avoir éprouvé quelque chose de cette ordre-là entre tous les stagiaires… avec douceur et humour.
Vous nous rappeler que le théâtre est une leçon d’humilité. Un lieu où l’égo doit s’effacer, ou plutôt être sacrifié à ce(ux) qui nous entoure(nt). Du peu d’auteurs de théâtre que j’ai lu, dramaturges ou gens de théâtre qui écrivent sur le théâtre, je crois avoir saisi un peu au cours du stage ce que Jean-Louis Barrault dit de la vie, du théâtre comme la vie. D’ailleurs, en parlant de vie, la plupart des gens feraient du théâtre par défaut de vie, mais vous c’est par excès de vie. Votre intérêt pour les théories scientifiques aussi rappelle Barrault et bien d’autres encore. Les grands scientifiques et les grands artistes ont en commun d’avoir beaucoup d’imagination.
Avant de finir cette lettre, une dernière pensée, le rapport à la nudité dans ce que j’avais entendu de votre travail m’intriguait, mais d’après ce que j’ai éprouvé au cours du stage, l’état de nudité avait beaucoup moins d’importance que la « dénudation ». C’est quelque chose à laquelle je vais continuer de réfléchir.
Bref, votre capacité à stimuler l’imagination, à établir la relation, à faire de rien ou presque un tout qui raconte à la fois le sublime et le terrible de l’humain est fascinante. C’était une belle expérience. Merci.
Je ne manquerai pas de suivre vos prochaines créations,
En vous souhaitant une très agréable soirée, et le courage pour la suite,
Bien cordialement,
Pierre
P.s. : Désolé de vous envoyer ce message par Facebook, c'est moins élégant que par papier, mais c'est aussi plus « pratique »



— Oh, Pierre, cette lettre est bien belle ! Merci ! Tu m'as intrigué (il me semble que je t'ai tutoyé) pendant ces 4 h. Je me demande, par ex, si tu es comédien, si tu veux l'être ou si tu  es là parce que tu as envie d'explorer — après la théorie — des pratiques « corporelles ». Sorry, tu as déjà dû m'expliquer tout ça dans ta lettre de motivation (que je n'ai pas sous les yeux)…



Cher Yves-Noël,
Oui, tutoyons-nous, ce sera plus agréable.

Pour répondre à ta question, tu vois juste. Dans mon cas, il s'agit d'une part d'explorer concrètement, réellement, le terrain, d'autre part de revenir plus aux études théâtrales que j'ai délaissée lorsque j'enseignais en STAPS (sport). Parenthèse (explorer oui, mais pas du tout avec l'idée d'une observation participante ou d'une participation observante, c'est détestable cette posture anthropologique, donc plutôt explorer dans le sens de découvrir des territoires qui me sont inconnus ; et — exploration aiguillée par une quête d'indépendance (au moins de penser), même minuscule). Et s'il s'agissait de faire de la théorie, derrière toute théorie il y a un chercheur et lui me semble plus intéressant que sa théorie. Cependant je suis toujours rattaché (administrativement) au département d'études théâtrales, et plus spécialement au laboratoire d'ethnoscénologie, de l'université Paris 8 où j'ai soutenu ma thèse en décembre 2012 sur le lieutenant de vaisseau Georges Hébert (1875-1957), l'inventeur de la Méthode Naturelle d'Éducation physique, virile et morale. En 1909-13, ses détracteurs le surnommaient : « L'Homme Nu » !
Comme tu l'as sans doute remarqué, mes compétences ne sont pas celle d'un comédien. J'ai fait un tout petit peu de théâtre avec Noël Casale quand j'étais au Lycée, puis sur sa création d'Homme à Homme. Donc ça n'est pas mon but d'être comédien, mais la matière théâtrale m'enchante : ses grands espaces, vides, en friche, à « cultiver », mais aussi ses artifices, ses paillettes, ses plumes, ses danses et ses chants. Et puis, c'est quand même un des seuls lieux où l'on peut librement voir du nu vivant !
Me concernant, je dois t'avouer qu'une fois sur scène, il m'est très douloureux de me sentir aussi coincé, raide, incapable d'incarner mon imaginaire ! De me sentir comme un pantin, un mannequin en bois, la moins articulé des marionnettes. Et, par conséquent, dans l'impossibilité d'être dans le flux des énergies, des actions et de saisir la relation. C'est un véritable handicap que j'avais oublié me cachant « derrière le bureau d'enseignant » où l'exécrable, néanmoins parfois utile d'un point de vue pédagogique, rapport dominant-dominé permet de se cacher (grand lieu de mensonges, de frustrations et de médisances l'univ.). J'ajoute encore, sur ce point, d'après mes impressions d'hier, une espèce de dichotomie entre le rôle d'universitaire qu'il m'a fallu forger ces dernières années (ne venant pas de ce milieu) et... comment dire... ??? Le costume d'universitaire est en quelque sorte devenu une camisole mentale, en même tant qu'une carapace protectrice à la façon des scarabées. Un exosquelette qu'il s'agirait de faire voler en éclat, de déchirer en mille petits morceaux, sans pour autant perdre la rigueur univ. acquise, mais en lui insufflant la vie. C'est que les universités par lesquelles je suis passé stérilisent le sensible, la vie, le corps et par suite l'imaginaire ! En fait, ça doit être pour ça que je m'intéresse non pas à la nudité, mais à la dénudation ou à l'effeuillage (strip-tease). Et, évidemment, c'est aussi pour ça que l'idée de ton stage avait excité ma curiosité.
Et là encore la séance d'hier m'a particulièrement troublé, devant ton aptitude et celle des stagiaires à émerveiller le plateau. Si je peux me permettre, je crois que le mot « émerveillé » va bien à ce que j'ai entraperçu de ton travail. Ton théâtre est un théâtre émerveillé ! Les êtres qui s'y animent aussi. Et ça redonne un sens au théâtre, parce qu'on ne s'y ennuie pas et qu'on y prend plaisir intellectuellement, poétiquement et corporellement !
Voilà, j'espère que tu m'excuseras de m'être ainsi épanché, ne sachant même pas si j'ai vraiment répondu à ta question.
En te souhaitant un très agréable après-midi,
Bien cordialement,
Pierre




— Si, si, tu analyses très bien la situation !... Il paraît que les comédiens ont un truc dans le cerveau que les autres n'ont pas, je l'ai lu dans un livre sur les animaux, je ne sais pas si c'est vrai, qui disait que certains individus de certaines espèces animales, singes dans les cirques, vaches de concours, etc. l'ont aussi : la capacité de s'imaginer dans le regard de l'autre. Peut-être que si c'était douloureux pour toi, c'est que tu ne l'as pas... Il y a une chose que je voudrais te conseiller, déjà en te voyant l'autre jour et aussi avec ce que tu dis dans ta lettre, c'est l'haptonomie. J'en ai fait pendant des années. Avec 2 psychiatres (un homme et une femme), docteur Thomas Gelber et docteur Dominique Décant. C'est ce que je peux te conseiller de mieux pour ce que tu décris très bien : insuffler la vie. Je te donne leurs coordonnées, si tu veux...

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S tage de Vitry



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M arion Corrales

   
Mon nouvel ami ravive mon homosexualité. Il est beau, il est jeune, il est intelligent, il est hétéro. Il est mon élève et il m’a offert une rose ce matin. Ce soir, j’ai proposé, comme un jeu, de ramener qq’un dans ma voiture 2 places, décapotable, et même de pousser jusqu’à Trouville et il l’a joué, ce jeu, toute la soirée, de manière crédible (auprès de gens qui le connaissaient) jusqu’au moment où il a dû voir que je pensais sérieusement à louer une voiture puisqu’il avait l’air si motivé et si libre. On est allé à Notre-Dame. Il n’y était jamais entré. « Attention ! première fois, j’ai dit, première fois... », en le serrant par les épaules. Il a une amitié pour moi, c’est indéniable. (Je dirais.) On était avec cette fille très belle qui fait de la musique et son frère est très connu, il joue ce soir devant 50 000 personnes porte de Champerret — à 3h et 1/4, mais je n’irai pas (je serai à Trouville…) — et qui le connaît bien parce que, je ne sais plus, c’était l’ami de sa sœur, je mélange, mais ça devient un peu imprécis ce que je raconte. Changeons de sujet. May m’a appelé pour que je le dépanne de 100 euros. Il m’avait demandé hier. C’est embêtant. Il va falloir s’expliquer. L'argent.

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J e verse


« Eros est très probablement la même chose que l’eau. C’est une divinité liquide. Erao voulait dire à l’origine je verse. La vie était : je verse qqch. Qq’un suppliait à qq’un, à un banquet ou à un autre : Ouvre la bouche et recueille-moi. Quand les Grecs disaient : durant mon eau, lorsqu’ils disaient : en to emo udati — ils voulaient dire en fait : durant ma vie. Eros est le dieu de la vie même. Il est couché de tout son long sur le réel. Il n’est que là : il ne faut à aucun prix s’élever même d’un seul mètre. »

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R etour au religieux