Wednesday, November 13, 2013

Palindrome


« In girum imus nocte et consumimur igni »

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B eauté


Photo Marc Domage. Stephen Thompson dans Un petit peu de Zelda

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Un jour peut-être vous vous échapperez...


Ils sont sept.

Sept à s’être échappés. 
Ce n’est pas facile de s’échapper, ce n’est pas donné à tout le monde.
Celui-ci par exemple s’est échappé d’un péplum, bientôt il dansera une merveilleuse danse de garçon. Avec, montant jusqu’en haut des cuisses, des grands bas gris qui magnifient.
Celle-ci, elle s’est échappée d’un film d’Antonioni en 1967, Blow Up, sans doute, ou bien Zabriskie Point, alors elle fume, elle danse toute seule.
Et celui-là, il s’est échappé à tout jamais d’un pays pour rejoindre la conscience universelle, pas facile d’échapper à un pays, à une terre, à son propre corps, à ses rêves.
Combien ont échappé à leurs rêves parmi vous ?
Elle, ça se voit tout de suite, elle s’est échappée d’une pub des années 80, genre « Demain, j’enlève le haut »... Comment peut-on être aussi sublime dans un océan de mauvais goût ? Venez voir...
Et lui qui ne semble être capable d’éprouver la salle qu’à travers le longement des murs, la texture des murs, les mains comme celles d’un lézard, à l’affût d’une fissure ou d’un autre mur...
Et puis ces deux-là, échappés d’un opéra c’est sûr, habillés comme des pingouins, et qui chantent divinement, ils chanteront pour toujours c’est sûr, parce que « bons qu’à ça », comme disait Samuel...
Ah ! et puis il y a des enfants qui jouent sur le plateau. Let the children play / Take a long holyday / (...)
Et puis encore le plus beau solo de lumière qui puisse s’imaginer.
Et celui-là qui court partout en cachant son sexe.
Tous comme des monades, astres perdus dans la nuit constellée.
In girum imus nocte... Ils tournent, tournent, et sont consumés par le Feu...
Et encore plein de choses, la plupart indicibles...

Un jour peut-être vous vous échapperez.
D’une prison, d’une contrainte, d’une angoisse, d’un couple, d’une habitude, du réel.
Ce jour-là, vous vous retrouverez dans un spectacle d’Yves-Noël Genod.
C’est tout le mal que je vous souhaite.


Gaspard Delanoë



Amélie Blaustein Niddam

Le festival Les Inaccoutumés de La Ménagerie de Verre s'est ouvert ce soir avec un Yves-Noël Genod plus performatif que jamais
   
AJOUT AU PROJET, LE ROMANTISME NOIR D’YVES-NOËL GENOD OUVRE LE FESTIVAL LES INACCOUTUMÉS
   
En septembre, Yves-Noël Genod présentait aux Bouffes du Nord les prémices d’un spectacle, 1er avril qui sera créé à la date éponyme dans ce même théâtre. Et voila qu’il y a peu, il reçoit une proposition indécente : remplacer au pied levé Jérôme Bel pour faire l’ouverture de l’exigeant festival Les Inaccoutumés à la Ménagerie de Verre. « Ainsi, on ne refuse rien à Marie-Thérèse Allier… » dit Genod.

Sous les paillettes très seventies d’Yves-Noël Genod se cache un sombre héros romantique. Le poème d’ouverture n’est ni de de Nerval, ni de de Musset mais tiré des Fleurs du Mal de Baudelaire.
Si le poème s’appelle Causerie, les dialogues seront quasiment absents du spectacle qui ne sera fait que d’apparitions au cœur d’un plateau pensé comme un cimetière dont les tombes sont une trentaine de projecteurs alignés comme le sont les croix dans les sépultures anonymes.
Ce tombeau au sens littéraire du terme prend l’allure d’un cauchemar à l’esthétique chic.
Un duo de chanteurs lyriques, tout de glamour vêtus, une héroïne longue comme Twiggy ou un danseur tout en cambrures élégantes voient devant eux surgir des faits irréels. Des enfants qui jouent à la réalité, un bébé d’à peine un an jouant avec sa maman, seins nus, vêtue d’un collant et d’un manteau de fourrure.
Le ballet, puisque le mot semble juste, est appuyé par le talent monstre de Philippe Gladieux aux lumières. Il les manipule comme des pantins, offrant une vague ondulatoire entêtante.


Comme dans — oui (— je peux / — oui), Genod ose la disparition, cultivant les noirs théâtraux et, en climax, un sombre jeu d’éclairages devenus les seuls acteurs. Comme à son habitude et pour s’inspirer d’un titre de l’un de ses précédents spectacles, le beau surgit par accident.  Par une alternance de ruptures et de jaillissements, on s’enfonce dans un spectacle qui n’a, on le sent, d’autre fin que la disparition. Mais Yves-Noël aime les fins heureuses, et les saluts, assez pour nous empêcher de sombrer.



Amélie Blaustein Niddam
Voilà c'est fait, Yves-Noël Genod a transformé le romantisme noir en art contemporain (Ajout au projet / Ménagerie de verre )
Oui !!! un ajout à son projet 1er avril, très différent. Article dans 2 secondes !




Pascale Fautrier
Spectacle d'Yves-Noël Genod à la Ménagerie de Verre, 20h30 mardi, mercredi, jeudi. Réservation 01 43 38 33 44. Un couple chante en duo du Pergolèse. Un homme, une femme, causerie : « Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose, Mais la tristesse monte en moi comme la mer ». Accord, désaccord, tempo des souffles, des corps ? Ca chante, ça déchante, ça soliloque, ballet, variations légères et maladresses tendres sur le thème rimbaldien « La musique savante manque à notre désir ». Courez respirer la beauté qui sauve. « Avec tes yeux de feu et tes cheveux de braise, calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes » (je cite de tête : merci à toi, Yves-Noël Genod, de dire si bien un des seuls poèmes que j'ai jamais réussi à apprendre par cœur).




Démarrage ce soir à la Ménagerie de Verre de l’iconoclaste et incontournable festival Les Inaccoutumés (du 12 novembre au 7 décembre), avec Un petit peu de Zelda (Ajout au projet 1er avril) d’Yves-Noël Genod, dont on a vu une générale hier soir. Un conseil, allez-y sans attendre la critique qui va suivre au plus vite sur le site des « Inrocks », ça se joue du 12 au 14 novembre seulement.



Marion Corrales
Merci pour ce moment très spécial hier soir. Peux-tu me redire le titre du premier poème de Baudelaire que tu as lu ? Ta voix lancinante et fragile était heart breaking.
Le corps immense et la voix chaude de ton Américaine, la scène des chanteurs cassant l’élitisme primaire en tapant dans les mains, le danseur ne quittant jamais la scène, la présence magique des enfants d’Elodie ont inspiré et stimulé mon imagination pour longtemps.
L’éclairage était une trouvaille étonnante et poétique.

Merci pour ton travail et bonne semaine de présentation !
La VIP dont je te parlais avant le spectacle, c’était l’artiste Xavier Veilhan.

Je t’embrasse, 
Le paon



Anne Béatrice Klauck
Baudelaire disait aussi : « L'art pur, c'est créer une magie suggestive »,
2 heures plus tard, je m'y baigne encore, suspendue & engloutie à la fois,
douce & en paix.
Quel beau casting ! ovations & fleurs à toute la tribu !
Merci,
merci infiniment !

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T hat is the question


Olivier Steiner
Yves-Noël, j'ai du mal à trouver mes mots, comment dire ? Tu sais, j'ai toujours aimé ton travail et je l'aime toujours mais hier soir ? que s'est-il passé ? Certes il y a de beaux moments, quelques images fortes et nouvelles mais globalement j'ai eu le sentiment d'un « truc » très effiloché, qui avait du mal à prendre corps et ce malgré tous ces beaux corps (ceux des filles en particulier)... Ce n'est qu'un avis très subjectif, peut-être ai-je vieilli ou j'étais fatigué hier soir... mais, voilà, je ne voulais pas te laisser sur un silence. A bientôt (ils sont beaux, les moments Baudelaire dans le noir)
— Oui, c'est les retours que j'ai, globalement. J'ai eu trop peu de temps, trop ambitieux sans doute... Si tu as des choses plus précises pour voir comment je peux agir ce soir, dis-moi et je t'appelle...
— Problème de téléphone, je suis en vadrouille tout l'aprèm et sans batterie (là suis dans un cybercafé)... Quoi te dire d'utile ? c'est un peu vertigineux... Je dirais que les scènes gagneraient si elles se suivaient de façon plus fluide, si elles se chevauchaient... ça pourrait être plus « libre » et plus sauvage... est-ce que ça t'aide ? Tu vois, c'est l'histoire des deux petits garçons avec le chien peluche : « Allez, à la niche ! — Non, il n'est pas vivant. — Si, il est vivant, etc. » — eh bien, il faudrait que tes acteurs croient mordicus que le chien est vivant... Dans Chic by Accident ou au Rond Point tes acteurs étaient tous dans un même « délire », une même réalité, (un même credo ?), même s'ils étaient très différents. Là, c'est plus triste, plus désolé. Ou alors tu fais un spectacle sur une certaine désolation ? Mais alors il faudrait qu'elle soit plus assumée... La tristesse de ce spectacle donne l'impression qu'elle n'est pas voulue, alors on sort avec un sentiment de malaise... Un point précis pour finir : modère un peu tes chanteurs lyriques... quand ils se mettent à jouer ou à faire des blagues, c'est pas très bon... parce qu'ils jouent, et c'est un peu artificiel (surtout le mec) Voilà mes pauvres mots, Yvno, je ne sais pas si ça peut t'aider, j'en doute, mais c'est ce que je peux faire depuis un cybercafé...
— Ah, tu me rassures ! c'est les premiers mots du spectacle : « Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose / Mais la tristesse monte en moi comme la mer (et tutti quanti !) » Bien sûr, c'est donc sur la tristesse et, bien sûr, je ne l'assume pas (qui l'assume ?) Oui, pour le chien vivant... enfin, c'est toute la question... Bises
— Alors c'est très réussi ! car on sort de ce spectacle avec le sentiment d'avoir traversé une vague (douce mais qui emporte) de tristesse... Bises

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