Wednesday, August 20, 2014

L ettre aux garçons


Ce que j’aimerais, c’est qu’on ne cherche pas (donc chercher avant), qu’on ait tout de suite des choses à tourner et certainement pas des choses éthérées sur le vague de l’existence ou je ne sais quel néant et l’œil terne… Non. Dans ce sens, il faut me laisser dériver avec mon Fernando Pessoa, etc., ça, c’est mon job, mais, vous, il faudrait évidemment que vous proposiez du concret. La vie est incroyablement concrète, solide, bâtie, indécelable, indéboulonnable, à partir de cela, de cette vérité brute des personnages de la vie réelle (tels qu’on peut les voir), alors la métaphysique traverse (pour me faire plaisir), mais, ça, c’est en plus, ce qu’il faut c’est que le fantomal traverse des êtres de chair et de sang, il faut que ce soit très incarné. Donc c’est très compliqué. C’est un gros travail de fournitures scolaires que vous avez à faire : venir comme si vous étiez le boucher, le chirurgien, l’amant ou la colère, venir comme si vous étiez le lion, le vieux ou la misère. En vacances on voit tellement les gens, on voit sur la plage, on voit tout. Les gens se montrent sans vergogne, à poil (même si la mode est revenue au maillot de bain, ça change rien). Il faut qu’on voit ces épaisseurs et c’est très difficile. Et il faut qu’on voit les liens entre les gens (si mystérieux) et, ça,  c’est très difficile, disons même impossible. Puisque ça l’est, autant s’y mettre (avec les raccourcis des troubadours). Beaucoup de travail de costumes, maquillages, perruques, je crois que ce serait bien d’arriver avec la barbe (pour avoir le choix), plusieurs possibilités de costumes comme traversant les époques, comme si votre être traversait les époques, les vies, les milieux (si possible). Il s’agit, ce que je dis toujours depuis le début, que ce film, ce soit comme des publicités de vous-mêmes, qu’on vous voit, comme on dit, sous toutes les coutures et peu importent les apparences. Mais les apparences sont tout, en même temps. Nous serons en recherche permanente du désir et de la beauté. Préparez vos cartouches. Pour ceux qui sont sur Paris ces jours-ci, on peut se voir.

N’hésitez pas à me renvoyer des photos (ceux qui n’en ont donné qu’une petite ou ceux dont je n’ai pas pu sortir les photos des pdf ou ceux qui ne sont pas sur FB où j’étudie de près) pour que je les aie sous les yeux, avec moi et aussi les montrer à Sara. Torse nu même, qqch de guerrier. Il faut faire une troupe. Une troupe de quoi ? Je ne sais pas encore (Isabelle m’aidera à trouver quelle langue pourra vous traverser en plus de toutes les vôtres). Il faudrait trouver le moyen, par-delà vos disparités (criantes), de vous unifier sans doute aussi par la tenue, à certains moments. Un certain lien mystérieux. Oui, il y aurait un énorme effort d’effets de costumes et de « compositions ». On fera avec les moyens du bord, mais, enfin, voilà, ce que je répétais aux interprètes aux Bouffes du Nord : « L’idéal, ce serait des costumes avec personne dedans ». J’étudie les cv. Clément est musicien. Il y en a qui chantent, qui parlent des langues, qui montent à cheval… Les talents cachés doivent absolument être révélés (on en a si peu). Si quelqu’un sait tirer, par exemple, etc. Si l’on veut faire un film, il faut que chacun fasse absolument ce qu’il a envie de faire pendant ces trois semaines de tournage (voilà comment je vois les choses) et que Sara fasse le film qu’elle veut et que, moi, j'écrive le poème qui me chante et que, vous, vous soyez absolument les publicités voilées de vous-mêmes, que vous apparaissiez-disparaissiez, brillants et obscurs...
« Rien n'est plus beau qu'un corps nu.
Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime.
Mais pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur je suis là ! »
Il faut que je m’occupe des filles, maintenant !

YN

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