Sunday, March 09, 2014

L e Saint



O n ne peut compter ici sur rien ni sur personne


La Cabina, me dit Nicolas

A rrêter le rock



Joris Lacoste me prend en photo à l’anniversaire-promenade de Frédéric Danos. Il fait si chaud, la lumière, qu’on se croirait au Mexique — et ces banlieues finalement se ressemblent. Au moment où Joris me prend en photo, je pense (il faut bien penser à qqch) : « Prends-moi, Joris… Prends-moi, Joris… » Je le lui raconte, il comprend tout de suite : je parle beaucoup de cul avec lui. Je lui dis que ça ferait un titre de spectacle, Prends-moi, Joris ! Il me répond : « Please, non… » Je sais qu’il sait que je ne ferai pas — malheureusement ! — de spectacle sous ce titre, mais je crois qu’il a juste peur que j’en parle sur ce blog (et qu’il n’ose pas alourdir la conversation en me redemandant — encore une fois — de ne pas le faire). Je m’en fous, j’aime beaucoup Joris et lui aussi m’aime bien, je sais. On ne passe pas autant de temps ensemble qu’on le voudrait car il a horreur de l’indiscrétion, même, me dit-il, concernant des choses complètement banales. Je comprends. Moi, c’est exactement l’inverse. La carpe et le lapin. Il n’aime pas du tout que je prononce son nom, ici. Il ne supporte pas. Et je comprends. Il me raconte qu’au lycée il avait, à un moment, un groupe de rock et qu’à un concert, comme ça, entre midi et 2, une fille amoureuse de lui a crié : « Je t’aiiiime, Joris !!! », ça lui a fait arrêté illico. 

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« Nous avons besoin de l'art comme du pain de l'esprit », disait cet éternel optimiste qui croyait en l'avenir : « Rien n'est jamais perdu et si nous menons la société à sa perte, qqch de nouveau verra le jour. »

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Vous avez reçu comme moi le mail désespéré de quelqu’un que plusieurs parmi vous n’ont même jamais croisé. João traverse une période personnelle difficile. J’avais commencé de lui répondre, mais c’est très difficile car il s’agirait surtout d’aider qq’un qui souffre… Mais je viens de passer ce soir plusieurs heures au téléphone avec lui. J’ai probablement attrapé le cancer de l’oreille, mais ça valait le coup : il est redevenu adorable comme il l’a toujours été (trop). Il m’a raconté sa vie, très émouvante, je lui ai dit qu’il faudrait faire un spectacle dessus. Il est dans une période extrêmement difficile, c’est le moins qu’on puisse dire, je vous passe les détails, et qui le rend absolument réactif. On le serait à moins. J’ai conscience que le travail proposé peut sembler piétiner (ou faire peu de cas) des histoires personnelles. Ce n’est pas seulement dû au manque d’argent, mais aussi au manque de temps : il faut nous sentir disponible à qqch qui doit à la fois faire entièrement plaisir (ça n’advient qu’ainsi), mais aussi dont on ne sait rien. J’ai quelques intuitions, ce que je voudrais, surtout ce que je ne veux pas, mais je ne sais rien. C’est l’espérance que qqch de nouveau surgisse, apparaisse et me surprenne, me dépasse : je ne veux pas refaire ce que je sais faire, c’est tout ce que je sais. C’est donc peut-être difficile — pour vous — de vous engager dans ce travail inconnu qu’on ne peut pourtant toucher qu’en s’engageant. « Idéalement des costumes avec personne dedans », la phrase, déjà prononcée, est très belle poétiquement — et João qui a joué Fernando Pessoa dans le dernier spectacle n’est pas le dernier à la comprendre ! —, mais quand il faut gérer ça avec son amour-propre, ce n’est peut-être pas si facile. Je le sais et je croise les doigts pour que votre enthousiasme ne vous quitte pas ! Amis de la transparence, bonsoir ! Le projet : il s’agit de rendre vivant les murs (qui le sont déjà)... Que le théâtre soit le personnage principal, et que, nous les hommes, nous ne soyons plus au centre, mais que nous en devenions comme les gardiens de la vie, les fantômes du temple. C’est bien barré, si on résume !
Bonne nuit !

Yves-Noël

Voici de nouveau le poème de Gérard de Nerval que vous connaissez (déjà ceux qui étaient là en septembre) et qui inspire ce projet (et quelques extraits du Jardin des Délices de Jérôme Bosch) :



Vers dorés

Homme ! libre penseur — te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d'amour dans le métal repose :
« Tout est sensible ! » — Et tout sur ton être est puissant !

Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
A la matière même un verbe est attaché ...
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !

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