Thursday, May 22, 2014

S ur le pain blanc des journées


« Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide »

Me voici tout ragaillardi. Pourquoi ? Parce que je repars sur les routes. Demain, Avignon. Etre à Paris me fait suffoquer. Pourquoi ? J’en suis triste. La pollution, bien sûr. Mais aussi, l’impression d’y être et d’en être exclu. C’est suffocant. Emil Cioran dit qu’il aime Paris parce que c’est une ville de ratés. Tant de gens y sont venus pour « réussir » et, évidemment, bien peu. C’est vrai, c’est ça, le charme de Paris : les ratés. Mais, les ratés, à Paris, ne le paraissent pas. Au cas où. On sait jamais. Toujours se hausser. A l’Américaine. Il n’y a pas ce problème à Bruxelles : les ratés assument d’être ratés, ce qui peut aussi être pénible, finalement... Exemple : Thibaut Wenger qui m’engage sur La Cerisaie à qui je demande et redemande de me parler de son travail que je ne connais pas. Il me dit qu’il ne sait pas quoi dire sur son travail. Il n’a rien à me dire. Ça, c’est un peu beaucoup, quand même. Au début, il m’a même dit : « Demande à Claude Schmitz de t’en parler, il l’a vu ». Et, Claude Schmitz, il m’en a pas du tout parler non plus, il m’a dit que c’était bien — ou plutôt : « pas mal du tout » — et c’est comment ? ben, pas mal, pas mal du tout… Bon, je comprends très bien, je comprends très bien… C’est ce que je fais avec les programmateurs, les décideurs, je ne veux pas parler de mon travail — à cause d’une méfiance idiote (ce sont des hommes comme les autres, après tout) —, mais avec les acteurs, les plasticiens, les journalistes, le public, j’en parle quand même beaucoup... C’est une schizophrénie, j’en souffre (on en arrive vite à parler à la troisième personne), mais, enfin, il faut parfois convaincre les gens de travailler avec soi. Lui, Thibaut, il en a rien à foutre, il ne va pas me dire : travaille avec moi parce que c’est bien ou alors il le dira, mais il ne dira pas pour quelle ou quelle raison. De sorte que je n’ai aucune idée où je fous les pieds et si je ne dois pas apporter tout mon manger ou s’il y aura qqch qu’on me donnera. On sait que c’est La Cerisaie, ok, mais à part ça ? A part ça, y a Boris, y a Claude, y a plus Marie Bos, ah, merde ! elle reviendra plus tard, elle est enceinte…

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A rt poétique


« De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi
Le bleu fouillis des claires étoiles!

[…]

Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature. »

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E crire le mot « écrire »


« En ce sens, vraiment, le fait d’écrire, ça s’est connu, tout le monde le dit, n’est-ce pas ? — le fait d’écrire est une sorte, quand même, de profanation parce que les choses auxquelles vous croyez — intégralement —, à partir du moment où vous les avez dites, elles comptent moins pour vous. »

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« Je ne dirai presque rien, je cherche la pauvreté dans le langage. »

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