Friday, May 30, 2014

P ortrait de Jeanne Duval


Jonathan Capdevielle

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F aire Don Juan


« Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. »

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L 'Ecole des fans


Impression de comprendre grave la folie et le génie de Molière (« Jean-Baptiste Poquelin dit Molière ») ds la mise en scène, mise en planche, mise en sol, mise en air, mise en 3D de Gwenaël Morin. Sur la route d’Avignon, je me suis arrêté à Lyon. Arrêt recommandé. A partir de la gare de Perrache, vous prenez le bus C21 qui vous monte au « Point du Jour » ; enfin, hier, c’était férié soi-disant, alors, après avoir attendu un moment, j’ai pris un taxi, un vilain taxi qui m’a altercationné. Bon, ça, c’est une part du réel, l’altercation, mais une autre part, une espèce de réel rêvé, une espèce de paradis sur terre — ouvert à tous (5 € l’entrée) : une pièce de Molière quasi gratuite, quasi directe, quasi maintenant et pour toujours. Traitement décapant de tout ce qui n’est pas seulement ça — comme un tableau dont on enlèverait les restaurations successives, les vernis, les repassages et les rajouts (toujours bien intentionnés) pour le rendre à son état neuf, cru, bio. Marguerite Duras disait (avait dit) d’un spectacle que nous étions allés voir ensemble (à Bobigny, à la MC93) : « C’est une tentative de destruction d’un texte, mais, comme le texte est nul, il n’y résiste pas ». Ici, c’est de même, ça apparaît de même, c’est une tentative de destruction d’un texte, mais comme le texte est génial et généreux (et Gwenaël aussi), il y résiste haut en couleur, haut en étendards glacés, haut en « révélations » pures et joyeuses comme des claques. Le théâtre sert à qqch. Il y a un mystère, ce mystère — dont parle très bien Gwenaël Morin : «  C’est la tragédie sans la tragédie, c’est un luxe insoutenable pour le commun des mortels ». Mais je pense qu’il parle là de sa prochaine mise en scène : Ajax, au festival des Nuits de Fourvière, en plein air. — On a dîné à la Brasserie Georges, près de la gare de Perrache, un décor de Pina Bausch, de Christoph Marthaler. — Gwenaël ne peut pas être ailleurs que là où il est, il s’en excuse. Il n’y a rien à excuser. « Pouvoir raconter l’histoire sans en souffrir — et, qui plus est, mon histoire dont je souffre, tu me la montres. » On parle de l’excommunication des comédiens « déclarés infâmes », on parle aussi de cette remarque d’Antoine Vitez qui dit à peu près : « Qui résoudra ce mystère ? les comédiens apprennent les plus beaux textes de l’humanité et ils n’en sont pas changés… » Gwenaël pense qu’il faut que le comédien soit un peu bête, pas complètement, mais, disons, pas tout à fait un homme non plus, entre l’animal et l’homme, le comédien, qu’il faut ne pas trop comprendre ce qu’on dit. Je pense aussi...

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R appel de soi


Je ne suis que moi, oh, comme c’est agréable ! le lieu de la perception… les autres ? les autres importent peu, ils sont mignons (ils votent extrême droite, c’est joli…)
Mais les forêts d’hiver et de mercure…
France pure, raciste, voleuse et nulle, tes villages m’enchantent, tes ciels et ta misère...
Tes longs périmètres…
Je vais t’apprendre l’espagnol ! Tes pollutions… Tes villages sans toits, tes clochers-miroirs…
Tes aiguilles de foin, tes paletots…
Tes couleurs, certes, tes couleurs, mois de mai, fin juin…
C’est inimaginable ce qu’on peut ne pas lire, ne pas écrire...
Ne pas savoir, Molière ne demande-t-il pas même qu'une femme « sache ignorer les choses qu’elle sait » ?
Les fleuves de tes yeux à ras bord...
Il faut ouvrir son esprit pour que tout parle et parle juste...
Tout est réminiscence, correspondance, synesthésie...
Le cœur du monde est un grand dieu, il n’y a pas d’autre explication...
de cette joie et de cette beauté (plaisir de tous les sens)...
la forêt est toujours entière et s’avance pour me dire...

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