Thursday, October 09, 2014

L e Premier tango dans le Perche


Quand je suis sorti de l’Institut, j’ai appelé Dominique qui habite tout près. Quand je suis sorti de l’ascenseur le palier était encombré de fleurs, l’appartement finissait d’être cleané et un fleuriste installait des bouquets parce que Dominique attendait une équipe de la télé. C’est pour le 20h, je ne sais plus, de France 2 (si ça s’appelle toujours comme ça), un reportage sur les appartements de cinéma. Dominique habite l’appartement où a été tourné Le Dernier tango à Paris. Alors, c’était drôle, c’était comme d’habitude, ils ont demandé à Dominique d’ouvrir la porte comme si elle les accueillait pour la première fois ; ils font tout le temps ça, à la télé, mais on voit bien que c’est faux. A la première prise, je l'ai entendu éclater de rire, mais à la deuxième, elle a bien tenu son rôle : « Oh ! Bonjour... » et surtout :  « Bienvenue ! » Et, après, ils lui ont demandé de raconter, de faire visiter. (Son meilleur rôle : maîtresse de maison.) Et la censure est arrivée, trop mignon ! ils lui ont demandé de refaire une prise parce qu’elle avait dit : « Là, c’est contre ce mur que Marlon Brando, dans le film, prend sauvagement Maria Schneider… » Ça ne pouvait pas passer au 20h. A la deuxième prise, elle n’a dit que « prendre », mais c’était justement « prendre » qui posait problème (pas « sauvagement », en effet plus abstrait), donc à la 150ième prise, elle a fini par dire : « C’est là que Marlon Brando a donné une fleur à Maria Schneider… » Là, c’était bon. Non, j’exagère, mais j’adore, finalement, j’adore ça, qu’on vive une époque si puritaine, c’est trop ! On veut bien parler du Dernier tango à Paris, mais à mots couverts, cela dit. Trop mignon ! Dominique pense que la réplique — qu’elle a citée — « Passe-moi le beurre » va passer… C’est dans l’un des JT du début de la semaine prochaine, vous me direz… Sinon, pour continuer dans le même esprit, je rentrais à la tombée de la nuit du supermarché bio près du canal et je me suis fait héler par Bruno Perramant (que je ne présente plus : LE peintre français actuel qui devrait avoir le prix Nobel avec Patrick Modiano, tiens !) Bruno vient de s’acheter un manoir XVIIIème dans le Perche et il m’invite. Il dit qu’il y a déjà passé une semaine, que les pièces sont vides, mais ne résonnent pas, que le manoir est dans son jus, les boiseries intactes, etc. Je dis qu’il faut filmer et il me dit — mais, alors, du tac-au-tac : « Oui, viens avec tes acteurs porno et on filme ! » Donc, voilà, appel à candidatures : on peut continuer le porno commencé avenue Foch (et titré Avenue Fuck) dans un manoir du Perche ! Venez nombreux ! Et cette fois, pas que les filles comme la dernière fois, hein, aussi les garçons ! Sans blague...

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F orêt



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L 'Incompris


Ce matin, j’ai eu un entretien à l’Institut Français pour cette demande de bourse pour aller au Mexique, la même que l’an passé. J’avais achoppé sur cet entretien de 20 mn et je pouvais me représenter cette année, mais, bien que prévenu, j’ai fait exactement les mêmes « erreurs » (qui à mon sens n’en sont pas, mais qui sont comprises comme telles). A la première question de David Sanson (avec qui je venais de parler affectueusement dans le hall), j’aurais dû dire : « Non, ici, c’est moi qui pose les questions : première question : qu’est-ce que vous voudriez savoir que vous ne savez pas déjà ? » La formalité des choses m’est totalement étrangère. Chaque fois qu’il y a un dispositif de cet ordre. J’ai arrêté ma scolarité à l’adolescence : complètement réfractaire. J’ai fait autre chose et, là, je me retrouverai à jouer au bon élève et à répondre aux questions ? J’ai un immense respect pour ce que je fais, c’est ce que je puis dire et j’aimerais bien qu’on me suive un peu plus. Frank Smith dit dans un texte en cours qui m’a accompagné au dernier stage « Jouer Dieu » : « Ne demande pas et ne t’explique pas et rends-toi compte que tu n’as rien à dire et invente un problème avant de creuser une solution et fabrique oui tes propres questions et surtout ne pratique pas d’objections sors de tout ça c’est facile et ne pense pas en termes d’histoire le passé le futur c'est pas grave et ne fais pas comme si et ne classifie rien et n’imite pas le chat ou le chien et ne fais pas de Châteaux en Espagne et ne te confie à personne je suis là. » Ça m’énerve parce que tout ça a beaucoup d’importance pour moi et je n’aime pas être incompris. Il y a un proverbe africain, paraît-il, qui dit (de mémoire) : « Si tu te sens incompris, c’est que tu n’as pas assez parlé. » (Moi, si bavard.)

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