Wednesday, October 15, 2014

U n cirque passe


Ça y est, les réassorts sont arrivés, on trouve de nouveau des Patrick Modiano dans les librairies. Je trouve ça tellement sidérant que l’académie des Nobel ait couronné Modiano ! Pour une fois qu’un prix atteint son but : Patrick Modiano est, en effet (en tout cas, pour moi), le plus grand poète français vivant, archi lisible, qui plus est, archi lisible, archi profond, archi généreux, archi précis, archi littéraire, archi parisien, archi français (la langue française, par lui, on a envie qu’elle survive), archi humble — aucune fanfaronnade, rien. J’adore Claude Simon et j’adore Jean-Marie Gustave Le Clézio, mais, enfin, ce n’est pas au niveau du Nobel. Lui, si, il vole, intrépide, dans les airs. Un géant (ses ailes…), totalement transparent, délicat, tous les mots ont du sens : comme le mot « tristesse »...

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J e disais : il ne faut plus rien acheter


« Quel système économique fonctionnerait d’après vous ?

Le système reste un outil, il n’est pas un objectif en soi. Nous avons bâti un système économique qui correspond à des idées. La vraie question est de savoir comment nous allons changer d’idées. Pour des pans entiers de notre vie sociale, on s’en remet au système économique. Vous voulez être heureuse ? Achetez quelque chose ! Vous êtes trop grosse ? Achetez quelque chose pour mincir ! Vos parents sont trop vieux pour s’occuper d’eux ? Achetez-leur les services de quelqu’un qui se chargera d’eux ! Nous devons comprendre que beaucoup de choses importantes de la vie ne s’achètent pas. De même, l’environnement a de la valeur en tant que tel, pas seulement pour ce qu’il a à nous offrir. »

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Viols (l'anniversaire de Pascale Fautrier, suite)

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M algastar


On me dit que j’ai l’air reposé, que j’ai l’air d’aller bien, on me demande si je suis amoureux, qu’est-ce qu’il arrive ? on me flatte peut-être, mais, c’est vrai, je ne vais pas trop mal. Je crois que j’ai trouvé le truc. Oui, il ne s’agit que d’un truc. Vous êtes déçu ? Ce n’est que ça, cette quête du bonheur ? Un truc ? Mais il faut le trouver. Il faut l’ouvrir, cette porte comme le disait Franz Kafka : cette porte qui reste fermée toute votre vie, que vous n’ouvrez pas, mais qui n’était destinée qu’à vous. En fait, c’est plus simple que ça. Oui, c’est beaucoup plus facile que du temps de Franz Kafka. A notre époque. On vit une époque formidable. Le truc ne vient pas de moi. Vous souvenez-vous de cette conférence enregistrée de Jacques Lacan à l’université catholique de Louvain ? « La mort, disait-il d'une voix de tonnerre, est une croyance ! Si vous n’y croyiez pas, comment supporteriez-vous la vie que vous menez ? » Oui, le truc est là-dedans : croire en la mort. Et c’est beaucoup, beaucoup plus simple qu’on ne croit, ce n’est pas individuel, c’est beaucoup plus drôle, c’est toute la société, toute la civilisation humaine qui souffre d’un cancer — et qui ne s’en sortira pas. Et pas dans 500 ans, non, tout de suite — et il y a mieux encore : on ne peut rien y faire, le cancer est installé, on ne peut plus rien, juste profiter des derniers rayons du soleil. Eh, bien, que voulez-vous, ces derniers rayons du soleil, ce bonheur et le miracle de les savoir derniers, ça me donne la pêche au lieu de me déprimer. Comme il est trop tard, quoi qu’on fasse, qu'il n’y a plus rien à tenter, c’est terminé, que la voiture ne fonce pas dans le mur, comme on dit, mais qu'elle a déjà sauté de la falaise, alors tout devient archi drôle, archi émouvant — si l’on croit ça, comme je le crois —, tout devient mignon, touchant, vous avez de la sympathie — ce n’est pas de la condescendance — pour tout le monde, tous ces morts-vivants qui font semblant de s’occuper d’un problème ou d’un autre ou encore d'un autre puisque c’est trop tard, que c’est plus la peine. Même les hommes politiques, j'ai envie de les caresser, même les pires, même Vladimir Poutine. Lorsque j’ouvre un journal, je suis ému aux larmes, le goût du papier, c’est fini, jamais plus ; lorsque je prends un train — ces admirables TGV —, je me dis : tu t’en souviendras, regarde, profite, regarde par la vitre. Tout, toute cette fin de tout, déjà là, fini comme Capri, rend les choses et les états comme d’une bouleversante soirée d’été — et voilà pourquoi je vais fabuleusement bien ! « C’était pas la peine... », disait Marguerite Duras dans ma jeunesse, mais, à notre époque virile, c’est beaucoup plus simple à penser : c’est plus la peine.

E rection


   
J’avais envoyé à Daniel Jeanneteau une photo que j’avais faite de Thibault Lac en érection. Mes anciens lecteurs se souviendront peut-être de l’obsession Thibault Lac, à une époque. Thibault m’avait demandé de passer une audition et, quand je lui avais demandé, moi, comme je le fais toujours avec les garçons, de baisser sa culotte, il s’était trouvé en érection — et ça avait quand même duré 1h1/2 ! Thibault a des facilités pour ça. Un de ses collègues l’appelait « the boomer ». Après cette séance dans la salle de répétition du Théâtre de la Ville, tout en haut, Thibault avait demandé de me revoir et j’avais dit : « Ok, mais à condition qu’on fasse des photos, qu’il reste quand même qqch… » Je n’avais pas de spectacle en vue et ça m’horripilait de faire passer des auditions sans débouché. Une audition, chez moi, c'est déjà tout entier le spectacle, puisque mes spectacles ne parlent que de commencements. Les photos que nous avons faites, je ne peux pas les mettre là, sur ce blog, je vais vous dire pourquoi. J’en avais mis certaines, d’autres, ultra soft pourtant, subtiles, mais le pauvre gosse est trop mignon pour ne pas s’être retrouvé partout sur des sites porno (gays) (jusqu’en Russie !) C'est lui qui me les a montrés. Parce que, moi, je n'y vais jamais, sur ces sites. Alors, ces photos en érection, pendant un moment, je les envoyais à des amis que ça pouvait toucher, comme ça, un petit cadeau, en douce, sous le manteau, et Daniel m’avait demandé en retour s’il ne pouvait pas travailler avec ce gamin, qu'est-ce que j'en pensais, comment il était, j’avais applaudi des 2 mains (j’ai une âme de directeur de casting). J’espère que ça s’est bien passé. Ça a l’air, si ce que montre cette photo parue dans « Libé » est vrai. Je suis tombé sur cette photo par hasard, un « Libé » abandonné dans la rue que j’ai rapporté chez moi parce que, contrairement à ce que je disais récemment, j’aime bien « Libé », journal « déjà » disparu.

S unset prophet

P résent / présage


« J’ai toujours eu le soupçon que le théâtre était pour moi un travail sur le présent exprimé dans le langage du présage. »

(Jouer Dieu)

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P aris, plouc-city


Vous avez entendu parler d’un truc bien sur scène (ou au cinéma) en ce moment ? Enfin, « bien »… j’en vois plein, des trucs  « bien », mais un truc qui va me changer la vie, disons… Parce que, si c’est pas à ce niveau, le spectacle vivant (ou filmé), je me sens un peu comme un fonctionnaire, à regarder des trucs « bien » programmés il y a un an ou 2 par de malheureux genre fonctionnaire pas trop aidés, empêtrés dans l’administratif de la guerre des pouvoirs… Et comme il n’y a plus un livre de Patrick Modiano en librairie (ça devrait s’arranger, les réassorts sont en route, me dit-on), oui, je m’ennuie parfois (au-dehors et à la maison)… J’ai même regardé un vieux disque, Barry Lyndon, qu’on m’avait passé il y a déjà un bon moment, ça, j’ai kifé… By the way, dimanche et lundi, je suis à Lyon pour un projet (avec possibilité d’audition)... 

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