Thursday, November 20, 2014

U na conciencia



S ophie


Gogotte m’a eu. C’est-à-dire elle m’a envoyé un mail à 6h alors je lui ai dit que j’en avais marre d’être alité et que je projetais d’aller à la danse et que, d’accord, comme la Loge, c’est juste derrière le cours de danse, ok, qu’elle me mette une place, je verrai ce que je pourrai, je promets rien. J’aurais pas dû aller à la danse, je crois que j’ai fait une grosse connerie, mais je suis allé à la Loge et comme j’avais très mal, en fait, je me suis allongé sur le banc, heureusement un banc était libre et j’ai « suivi » le spectacle comme dans la caverne de Platon, je n’en ai vu que des ombres. Donc mes sensations sont assez personnelles, si vous voulez, mais je crois que ce spectacle est très bien. C’est un faux solo (la fille a son régisseur) d’une atmosphère extrême, je ne vais pas presque jamais à la Loge, mais ce qu’en fait Edmonde Gogotte (qui partage un peu l’identité de Christine Armanger) est un bijou. Un underground de rêve. On est « vraiment » à Paris, mais on est aussi vraiment à Londres ou vraiment à Macao. Quant aux époques, ça oscille, c’est beaucoup d’époques, très baudelairiennes, très Edgar Poe, très gothiques, très sorcière, très sexy. Il y a un effet de feu, très joli de ma caverne, il paraît que la fille — c’est elle qui me l’a dit — se met une bougie de feu d’artifice dans la chatte et que c’est le « clou » du spectacle. Ce n’est pas la première fois que je vois un spectacle d’Edmonde Gogotte, j’adore positivement, c’est tellement personnel, tellement pur, tellement bien représenté. Ce sont des images faites avec rien, des bouts de ficelles, mais d’une beauté surnaturelle — ou à cause de cela, les bouts de ficelle, surnaturelle, butoh, contes d’Hoffmann, Pina Bausch, je ne peux rien dire, je n’ai rien vu…

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L es Economies de l’imaginaire


Je tombe par hasard sur un article de Fabienne Arvers sur le site des « Inrocks ». Je ne vois pas du tout de quoi il s’agit (mais ça a cessé de m’inquiéter, ça, même si c’est de pire en pire). Je me vautre dans la fiction, alors, quand on m’y aide… A propos, je voudrais faire un spectacle qui s’appellerait : Les Economies de l’imaginaire. « Enfin, on avait raté la performance Finir en beauté de Mohamed El Khatib, où il était programmé avant le week-end, mais on l’a rattrapé à Paris dans le cadre du festival ZOA (Zone d’Occupation Artistique, jusqu’au 10 octobre à Micadanses). Là encore, la simplicité du dispositif s’accorde à la profondeur du propos, à l’immense délicatesse teintée d’humour avec laquelle Mohamed El Khatib raconte la maladie et la mort de sa mère, son deuil et sa culpabilité, son double héritage culturel entre la France où il est né et le Maroc où elle sera enterrée. A l’appui de son récit, les enregistrements sonores de conversations avec sa mère, avec son médecin, dont on suit la retranscription sur un écran en lieu et place des images qu’il voulait filmer avec sa caméra. Comme si l’image manquante avait plus de force, répondait mieux à l’absence à quoi nous confronte le deuil et qui est au coeur de son récit. Quand les images arrivent, c’est après la mort, celles du voyage au Maroc, du cimetière et de la réunion familiale après l’inhumation. De sa mère, on verra deux photos, l’une prise sur son lit de mort et la reproduction d’un portrait d’elle, jeune, qui vient clore Finir en beauté. Deux images fixes entre lesquelles se déroule le récit, que n’alourdit aucun pathos mais qui se range résolument du côté de la vie. « Je ne suis pas en deuil, j’ai du chagrin », écrit-il dans son Carnet de notes. A quoi son ami Yves-Noël lui répond : « Une mère c’est immortel. P.S : Je cherche des danseurs pour mon prochain spectacle. » On t’a reconnu Yves-Noël, délicatesse et sens pratique toujours mêlés, du côté de la vie… » Moi aussi, je te reconnais bien, Fabienne !