Monday, December 01, 2014

L e Vampire pop



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L a Mort (3)


Photo Jocelyn Cottencin

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U ne soirée chez Jean-Paul Gaultier



Vous saviez que Jean-Paul Gaultier habitait un théâtre ? Enfin, un château-théâtre. Un opéra. C’est au 325, rue Saint-Martin. En montant l’escalier démesuré, je pensais que je n’allais pas survivre à la soirée. Au final, je vais plutôt mieux. Faussement mieux, peut-être. Mais j’adore avoir un autre point de vue sur les choses. L’amie m’avait demandé — avec quelques autres  — de m’occuper à aider l’organisation d’une soirée de bienfaisance autour de l’association Iccarre (« I care ») de Jacques Leibowitch, une association qui demande le changement officiel du protocole des soins des trithérapies pour les malades du sida (vous me dites si je me trompe). Jusqu’à il y a quelques années (et encore maintenant officiellement), les malades devaient prendre tous les jours le médicament d’une chimie très lourde (effets secondaires) et Jacques Leibowitch s’est aperçu il y a quelques années qu’après une première période de traitement lourd, ce n’était pas la peine de les prendre tous les jours (mais, 4, 3 et, peut-être, dans certains cas, seulement 2 jours par semaine). C’est un changement énorme, mais qui n’est pas encore reconnu officiellement (et donc qui entraîne une médication sauvage). L’association se bat pour que les médecins aient le droit d’appliquer ces nouvelles prescriptions. Donc j’étais là pour aider, pour aider un peu à tout, je n’avais pas de rôle bien défini contrairement à d’autres et au final j’ai été accepté pour porter les plateaux de petits fours (délicieux, visiblement) au milieu de la foule des vieilles pies. Cela me donnait une contenance, ça m’allait à merveille. Les gens m’adoraient. J’étais gêné parce que c’était des célébrités et je n’en connaissais pas le dixième. (C’est mon point faible.) Impossible, par exemple, d’appeler les gens par leur prénom (ça, ça aurait fait chic). Par exemple, cette femme très gentille qui me posait des questions sur moi, impossible pour moi de lui poser en retour des questions sur elle (une célébrité certainement) et impossible aussi de faire savoir à Adeline André que je l’avais reconnue (une des rares) car elle se tenait à ses côtés et si j’avais dit « chère Adeline », qu’aurais-je dit pour l’autre ? L’autre donc qui m’adorait m’appelait le « vampire pop ». Je lui répondais que c'était sans doute mon état de santé qui me plaçait à cet endroit, mais je m’apercevais aussitôt que cette mention l’effrayait, comme si, peut-être, elle avait fait un impair. J’avais l’impression d’être un fantôme parmi cette assemblée avec mon plateau à la main que j’allais trimballer toute la nuit jusqu’à la fin des temps dans cet espace-opéra. L’amie me disait : « Ne la laisse pas s’enfuir, suis-la à la trace ». « — Qui ? demandais-je en me tournant dans la direction qu’elle me montrait. — Fanny. » L'amie s'apercevait immédiatement après m’avoir dit ça que Fanny était exactement à ses côtés. Mais Fanny n’avait pas l’air d’avoir entendu — ou compris. J’aime Fanny Ardant. Elle est miraculeuse, cette fille. Elle est âgée, maintenant, abîmée et, tout d’un coup, elle s’anime, quelque chose la fait rire et elle a 20 ans, 12 ans… Je peux témoigner, c’est phénoménal. Le Botox n’y est pour rien. Elle est fanée, et tout d’un coup qqch la traverse, une séduction, la vie — et elle est intacte comme la plus pure jeunesse. J’aime les actrices pour ça, cette capacité à faire surgir la beauté biologiquement. Je suis amoureux. Pourrais parler pendant des heures.   

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