Thursday, June 18, 2015

Salut Gwen !
Je suis toujours à Mexico, mais, comme je m'y emmerde (grosse, grosse ville d'une foule immense qu'on peut adorer à l'infini, c'est sûr, mais c'est au-delà de mes capacités), je repars (et probablement sans Internet). J'ai trouvé un avion pas cher qui m'amène demain, en une heure et demie, à Palenque (je te conseille de regarder les photos sur Google). C'est au Chiapas, une ville maya en pleine forêt vierge. C'est dingue, non ?
Bon, pour Lyon, je manque un peu d'interlocuteurs, mais c'est comme ça. (J'adorerai travailler en équipe — une équipe, ça commence à deux.) J'avais surtout peur de ce rythme, de devoir me débarrasser d'un spectacle réussi pour en faire un autre immédiatement après. Je me souviens que, quand on a fait Chic by Accident, à la Ménagerie, qui a été très, très réussi, on a joué cinq fois comme c'était prévu, mais, ensuite, eh bien, on voulait plus s'arrêter de le jouer, on n'a pas compris pourquoi on devait s'arrêter (en plus, c'était plein tous les soirs). J'avais peur que ce gâchis se reproduise à Lyon. Mais, maintenant, je me suis un peu calmé parce que je vois ce projet comme un seul et long spectacle présenté sur du temps et qui, donc, évolue (mais ce serait le même spectacle), une sorte de work in progress. Ce serait toujours « l'homme en repos dans une chambre », selon la citation de Pascal, tu sais, dans le texte sur le divertissement *. Je ne sais pas si cette idée est très juste, mais elle fait rêver. Un spectacle de dix, douze heures, présenté sur quatre mois. Sinon, les titres, je ne sais pas s'il faut donner des titres aux épisodes — je crois avoir renoncé aux titres des œuvres qui inspirent les épisodes (bien qu'entre nous, on va en parler comme ça, La Cerisaie, Carmen...) — pour pencher plutôt vers les titres poétiques — il y en a de si beaux, par exemple, que je viens de trouver ce matin (il n'est pas de moi) (et c'est en rapport avec mon prochain voyage dans la jungle) : Vers la nuit chaude — et peut-être même ne faire que numéroter les épisodes. J'y ai pensé parce qu'un interprète m'a dit : « Moi, je peux faire le N°5 et le N°7 » Evidemment, N°5, tu imagines, ça a fait tilt, Marilyn Monroe et tout et tout. Ou mélanger tout ça. Je ne pourrai pas faire tout ce que je souhaite, mais, ça, je m'y attendais (à moins peut-être de rajouter des spectacles dans le hall). Beaucoup de réponses d'interprètes, mais beaucoup aussi qui n'ont pas encore répondu après la dernière note d'intention que tu as eue, je crois, alors qu'ils avaient précédemment donné leur accord (leur envie) de principe. Que faire ? Attendre encore ou décider de ne faire qu'avec ceux qui sont déjà (apparemment) dans le coup. C'est cet infini des complications de planning et de mails que je craignais. Moi, je voudrais ne faire qu'un seul mail et que tout le monde vienne me manger dans la main, ça me paraîtrait totalement logique, mais c'est pas si simple, la réalité — et c'est que l'artiste est incertain. Et que je ne peux pas exiger la liberté des gens (sinon rien) et leur demander, par ailleurs, d'être carré. Il y a certes une contradiction. Il me faudrait un père fouettard (producteur, par exemple) et, moi, je resterais dans mes limbes et ma poésie protégée... peu importe…
Mais je dois te dire que je suis heureux d'être au Mexique pour rêver Lyon. Ça, ça marche ! (ce que j'espérais...)
Est-ce que je pourrais m'installer dans le lieu que tu m'as fait visiter dans le Vieux Lyon déjà en juillet ? j'arriverais vers le 6 ou 7, sans doute en étant passer chez mes parents (à Bourg-en-Bresse) pour prendre un matelas... 
Amitié, 
Yves-No

« J’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »

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