Friday, December 04, 2015

« Je l’ai pris et je l’ai mis dans le temps gris, près de la mer, je l’ai perdu, je l’ai abandonné dans l’étendue du film atlantique. Et puis je lui ai dit de regarder, et puis d’oublier, et puis d’avancer, et puis d’oublier encore davantage, et l’oiseau sous le vent, et la mer dans les vitres et les vitres dans les murs. Pendant tout un moment il ne savait pas, il ne savait plus, il ne savait plus marcher, il ne savait plus regarder. Alors je l’ai supplié d’oublier encore et encore davantage, je lui ai dit que c’était possible, qu’il pouvait y arriver. Il y est arrivé. Il a avancé. Il a regardé la mer, le chien perdu, l’oiseau sous le vent, les vitres, les murs. Et puis il est sorti du champ atlantique. La pellicule s’est vidée. Elle est devenue noire. Et puis il a été sept heures du soir le 14 juin 1981. Je me suis dit avoir aimé. »

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F in de partie


Le plaisir fabuleux de ma résidence au Point du jour… Leçon de théâtre et de ténèbres s’achève. Encore ce soir de ce spectacle sidérant, Par délicatesse j’ai perdu ma vie (un son-et-lumière), puis nous le reprendrons le 15, 17 et 19 décembre, en alternance avec le numéro sept, Leçon de ténèbres… Le public à qui j’offre le champagne — après, pour ce spectacle — m’a dit encore des choses magnifiques, magnifiques, ce soir encore… Il n'y a eu que trois spectacles parmi tous ceux que j’ai fabriqués (presque une soixantaine) où le public a été touché au point, véritablement, de le « créer », le spectacle. Comme quand on lit un livre, de l'écrire, en fait. Bien sûr, c’est ce que nous  cherchons à chaque fois, mais il y a eu seulement deux fois — et celle-ci est la troisième — où le public m’a parlé de plain-pied avec le même savoir, la même expertise sur mon propre travail que la mienne… Une Cécile Mathieu me dit : « Je viens depuis le début, je trouve que vous êtes un accordeur de cordes ». Et elle ajoute : « Du spectateur ». Les cordes du spectateur, c’est magnifique. Et elle me dit encore : « Vous révélez le monde ». Quelqu'un d'autre, gentiment : « Ça devrait être remboursé par la sécurité sociale ! »

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Nicole Mersey
J’appellerai ton spectacle Petrichor !!! En espagnol c’est le mot qui décrit l'odeur de la pluie sur la terre !!! Merci... Je pense à Maeterlinck... à la mélancolie de Tarkovski… a la casa de Domenico !!! a mi casa en Chile et la pluie sur les toits !!!… Merci pour ce moment de répit !!! J’ai eu le Temps... Je suis revenue au théâtre !!! Je suis repartie !!! Je trouve ça super de faire ça !!! Je dois être ta plus grande groupie à Lyon… (déjà j’aime Christophe alors…), mais vraiment ça me touche beaucoup !!! (Mon orthographe est nulle, désolé, je suis Chilienne)... Pour l’appart, c’est ok. On laisse une chambre dispo et on parle avec les chanteurs pour l’organisation !!!
Des bises !!! Nicole !!!

Olivia Csiky Trnka
Lyon sera désormais un labyrinthe de pierre où se cache une maison pleine de feuilles où se regarde une nudité comme devant la mer de Friedrich. Il y a de la peur rampante qui pue partout. J'étais presque triste en arrivant de ne pas entendre de la Beauté. Mais en vérité c'est plus vaste encore. La lumière ou ce qui reste sous la paupière. Je me couche avec de l'oxygène doux dans le sang. Merci. Je t’embrasse

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