Saturday, April 23, 2016

P rojet



Bonjour chômage


Voilà, la tisane est prête, je suis allongé. Il est déjà tard. La bibliothèque ferme tard, alors il est déjà tard. Je voulais écrire, c’est tellement plaisant d’écrire, l’idée… et puis il y a le talent (qui échappe) et… c’est à peu près tout, le reste est fastidieux. Ecrire des titres. S’il suffisait d’écrire un titre pour avoir un livre. Baudelaire a laissé des listes de titres, de projets qui ne sont jamais allés plus loin. Le roi des titres, en ce moment, à Paris, c’est Klee. Comme par exemple celui-ci, magnifique pour un livre : Echaffaudage pour un bâtiment neuf. Ou bien : Abstraction inspirée par un arbre en fleurs. Je suis retourné voir l’expo. Il faut y aller au moment de la fermeture, sinon il y a trop de monde (et les tableaux sont si petits). Le coucher de soleil, ensuite, sur Paris, au-delà de Paris, aussi beau qu’à la mer. Le mont Valérien. Peut-on se soigner au chocolat ? J’ai rencontré Marine de Missolz, on a parlé pendant deux heures. Très agréable. On a parlé de Duras, de Régy. J’ai eu un appel pendant la conversation. Personne ne m’appelle jamais. Le nom ne s’affichait pas, je n’ai pas décroché. C’était Claude Régy qui s’inquiétait de mon état de santé. J’ai dit à Marine qu’au moins je n’avais pas le cancer parce que le dernier médecin que j’avais vu — celui de Claude Régy justement — m’avait fait remarquer — bien que tout le monde me trouve amaigri — que je n’avais pas perdu de poids. Mais Marine a perdu son père récemment. Comme moi, il ne voulait pas voir de médecins. Quand il en a vu, il y a moins d’un an, ils lui ont dit : On ne sait pas ce que vous avez, mais ce qui est certain, c’est que ce n’est pas le cancer. Puis quelques semaines plus tard : Ah, en fait, si, c’est un énorme cancer — et il est mort. Elle me dit d’insister avec les médecins jusqu’à ce qu’ils trouvent. Ils ne savent rien, ils ne trouvent rien, il faut insister. Le médecin de Claude Régy m’a dit : Ce n’est pas la vésicule biliaire parce que vous auriez mal quand j’appuie dessus. Mais Michel Fau m’a dit que les médecins ont mis longtemps à trouver que, dans son cas, c’était la vésicule. On n’a pas parlé que de ça (bien entendu).

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L ’Epitaphe


« Ici repose le peintre
Paul Klee,
né le 18 décembre 1879,
mort le 29 juin 1940.
Ici-bas je ne suis guère saisissable
car j'habite aussi bien chez les morts
que chez ceux qui ne sont pas nés encore,
un peu plus proche
de la création que de coutume,
bien loin d'en être jamais assez proche »

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