Sunday, September 11, 2016

L e Monde est un livre


« Si l’homme risque de détruire la planète, c’est parce qu’il a oublié son histoire, qui est commune avec la nature. Nous sommes des animaux. Cessons de parler des « non-humains », cessons de parler de « l’environnement », comme si nous étions au centre de l’univers. »

« En 2012, vous disiez que la campagne présidentielle était une campagne de « vieux pépés ». Vous confirmez ?
— Et comment ! Cette élection risque même d’être celle des grabataires… Le monde réel est totalement décalé par rapport à celui de la décision politique. »

« Comprendre pourtant que le monde est un livre — parce que l’écriture, c’est aussi les traces, les codes et les signes qu’il faut déchiffrer dans la nature »

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Oui, c’est MIEUX ! Paris sucks, particulièrement parce qu'on est occupé à plein de choses. Par exemple, là je vais à un cours de danse à 14h (qui finit à 15h30). Mais ça me fait plaisir que tu joues dans le coin ! Je préférerais photographier des filles, tu sais, ma petite. J'en ai marre qu'on croit que jsuis pd (pour ce que ça me rapporte). J'ai fait garde du corps de Tanguy, tu sais, mercredi, un pd, un seul, mais quand il a vu que Tanguy se baignait à poil, ni une ni deux, il a enlevé son slip et il est allé lui demander s'il était gay. Tanguy me faisait de grands signes comme s'il se noyait. Quand j'ai rappliqué, le type a pas demandé son reste. Quel instinct sauvage dégueulasse. Un gabian. T'embrasse, Yvno

C'est vrai que les femmes sont belles, mais farouches… Elles se laissent moins cueillir par ton œil pourtant si fasciné. Je suis heureuse de savoir que tu as sauvé Tanguy du grand méchant loup-pd sur la plage ! Bon cours de danse cet après-midi. Moi, j'ai peur mais je pense à la plus belle phrase du monde, celle de Barbara... Il faut entrer sur scène en souriant. À très vite

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Tiens, je lis dans la critique de Thibaudat une chose que tu as ressentie, je crois (normalement le spectacle se joue dans un théâtre)…
« Cependant, dans l’usine Babcock & Wilcox, s’insinue un élément qui n’existait pas lorsque le spectacle a été créé à Vienne puis repris à Berlin sur la scène de la Volksbühne. Le lieu est si vaste, si vide qu’il s’apparente à un vaste plateau de studio de cinéma. Les éléments du décor apparaissent minuscules, et sont comme un peu perdus dans l’immensité. L’écran noir, où sont diffusées en direct les scènes des caméras vidéo, tend à prendre l’ascendant sur l’espace physique, et il en va parfois de même pour le jeu des acteurs qui, par moments, peuvent apparaitre plus présents sur l’écran que sur scène. »
Bises, 
Yvno

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A utobio retouchée par Isabelle (donc officielle)


Yves-Noël Genod ne se présente lui-même que comme un « distributeur » de poésie et de lumière. Un « dispariteur »  (nom de son association). Pour certains il s'agirait d'un « théâtre de l’invitation », d'un « théâtre chorégraphié ». C'est en tout cas un théâtre qui veut faire de la place. Créateur de chimères, d’inconnu, d’irréel... il a pourtant le sentiment de n’inventer jamais aucun spectacle qui n’existe déjà. Il fait passer le furet : « Passé par ici, il repassera par là… ». La révolution, c'est la redistribution des richesses. Ce comédien — donc ce  menteur — prétend s’effacer derrière une œuvre qu’il désire n’être que trace infime, mais dans l’optique pascalienne : « Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose ».

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N ote d'intention demandée par Emmanuel


Marguerite Duras disait — dans ma jeunesse je la côtoyais et cela m’avait frappé — qu’on ne pouvait pas mieux écrire que cette phrase de la Genèse : « Il y eut un soir et il y eut un matin ». Elle avait dit, je l’entends encore — et cela a pu marquer un enfant : « Qu’est-ce qu’on peut écrire de mieux ?… » Bien entendu, cette genèse est la folie de toutes les histoires ; on ne peut rien, en effet, écrire de « mieux » ; on écrit toujours et encore la Genèse. Rimbaud, Dostoievski. Tout le monde. N’importe qui. Bernard Shaw a qui l’on demandait s’il pensait que la Bible avait été écrite par l’Esprit saint : « Non seulement la Bible, mais tous les livres ». On essaye de l’écrire différemment, on voudrait, mais les personnages d’Adam et Eve nous hantent ad libitum. En y ajoutant le serpent-baryton, nous retrouvons le trio fatal de presque tous les opéras, la soprano, le ténor et l’emmerdeur. Cette remarque, je me souviens que c’est avec Bertrand Dazin et Jeanne Monteilhet, aux Bouffes du Nord, que nous nous l’étions faite, augmentée de la réflexion qu'il n’y avait pas vraiment d’opéra sur le sujet et c’est ce qui nous a fait rêver à une réalisation dont j’ai parlé à quelques personnes dont Emmanuel Quinchez. Une réalisation rêvée. Je veux dire : qui doit rester un rêve. « Le monde n’est pas bien rangé, c’est un foutoir. Je n’essaie pas de le mettre en ordre », disait le célèbre photographe de rue, Garry Winogrand — et c’est encore une phrase sur la Genèse. Je voudrais, moi, que mes spectacles soient comme des poèmes en ébauche à terminer soi-même… Le sujet — d’habitude il n’y a pas de sujet, mais ce sujet, qui appartient à tous, vivants et morts — s’y prête. La poésie, je l’imagine dans un roulement sans fin ; ces poèmes, les imagine aux limites, bien sûr, de la compréhension, au danger de l’incompréhension, que le spectateur et moi, nous nous entraînions tous les deux à nous faire peur, à nous approcher de la douceur, au-delà des mers et de la verte folie. « Il n’y a pas le monde des vivants et le monde des morts, il y a le royaume de Dieu et nous sommes dedans », disait Georges Bernanos. Je ne voudrais pas m’étaler : tout reste à faire. Le sujet est si vaste. J’ai l’impression que Pedro Garcia Velasquez qu’Emmanuel Quinchez m’a permis de rencontrer pense un peu comme moi… Voilà, nous en sommes là, au début de tout. Il y a un énorme travail de dramaturgie à opérer avant de s’engager dans l’une ou l’autre des solutions scéniques et musicales qui ne manquent déjà pas d’affluer. La découverte (aussi par Emmanuel) d’un Journal d’Adam et d’un Journal d’Eve par Mark Twain nous permet d’espérer que l’entreprise ne soit pas, au final, totalement dénuée d’humour — ou même d’esprit.
Yves-Noël Genod, 11 septembre 2016

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V acances avec Colby Keller (3)


Voici Adam, il nous faut donc Eve...

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Beau titre (pour une autobiographie par exemple) : Je conchie sur mes souvenirs

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A ccorde-moi un moment



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O happiness, o world, o music!


Oui, les livres réussissaient, oui l’été réussissait, la musique sortant d’une maison réussissait… Tracer, dans un livre, sa liberté de penser, sa liberté de penser et d’écrire. Etre « en état de comprendre », comprendre au moins ce que l’on peut comprendre. Je suis dans le parc. Tous les arbres sont encore verts, de ce luxe, de ce vert un peu sauge ou comme l’arrière des feuilles de tilleul, un peu cèdre. Ecrire consistait à rassembler sa connaissance des mots, comme on assemble un troupeau, avec un certain acquiescement du monde, ici le parc, ici le soleil comme un projecteur précisément entre les feuilles (à ne pas regarder en face), ici le bruit du piano, de la mobylette qui passe, des efforts de mon ami l’abruti qui fait son sport (je saute le sport ce soir, merde !) Ce n’est pas vrai qu’il n’y a rien à écrire. J’étais triste et insoumis. Un livre est plein de livres. Longueur du temps béni du désespoir du soir. Les arbres transparents, transparents quant à la lumière, le feu clair, la lumière d’or, transparente, entre les arbres, s’épousent ensemble, s'influencent comme dans une tapisserie pour passer le temps, comment on appelle ça ? un canevas… Gros oiseau, gros bruit comme dans un film. Elle fait du piano. La fille du voisin. Elle fait du piano dans la maison ouverte. L’accordeur est venu tout à l’heure, il n’a rien eu à faire, Coline avait pris rendez-vous avec deux accordeurs et elle avait oublié d’annuler. Un peu furieux. Très pédé...

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A u lieu de la bouche, un baiser


« du message. Au lieu de la bouche, 
un baiser. « Il faut y aller » ou « le bord,
le bord ». Chaque pas élargit la route. Il y a bien longtemps, il n’y aura 
plus la mer. »

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Oh, bonjour Alexandre !
Oui, alors… Tu sais comme j’aime tes films (non, tu ne le sais pas). Je crois qu’il ne se passe pas trois jours sans que j’y pense, à l’un ou à l’autre. Pour moi, ce sont parmi les films les plus émouvants que je connaisse. Tous ceux que j’ai vus sauf les portraits de Claude. Pourquoi ? Certainement pas parce qu’ils seraient moins bons, ça, j’imagine qu’il n’y a vraiment pas de raison. Alors ? C’est personnel, ils me mettent mal à l’aise (je parle au pluriel, mais je n’en ai peut-être vu qu’un). En fait, je les trouve « mortuaires ». Je trouve que ça se sent. Ils sont faits, bien sûr, pour rester après sa mort. Mais puisque Claude est encore vivant, ça me gêne. Je préférerais les voir plus tard. 
En revanche, j’aimerais beaucoup voir Rêve et folie, je ne sais pas à qui m’adresser : il y a si peu de places. Si tu pouvais m’avoir une ou mieux deux invitations pour ce spectacle… Je peux à partir du 21 septembre…
T’embrasse, 

Yvno

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Bonjour Vincent !
Nicole Mersey, retiens bien ce nom. Elle s’est inscrite pour passer ton audition, elle m’a demandé de t’envoyer un petit mot, ce que je fais bien volontiers : j’adore cette fille, de Santiago du Chili, mais plus raffinée et européenne que nos indigènes (comme souvent en Amérique latine). J’ai adoré travailler avec elle à Lyon ! Et je retravaillerais volontiers à l’infini… J’espère que vous vous plairez, elle a très envie… 

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M on règne est officiel


Quel plaisir de retrouver l’absolue princesse Jeanne Balibar (que j’ai mise en scène dans trois spectacles et avec qui j’ai joué chez Julie Brochen) dans sa pleine vitalité, sa beauté, son incroyable générosité, son talent (l’art du sourire) ! Cette fille, une étoile. Ça se passe d’ailleurs en plein jour, une journée sublime (hier) dans une friche industrielle sublime à La Courneuve, en plein jour, par une journée sublime où il faut quand même se caler dans un fauteuil pendant six heures trente (un entracte), je ne vais pas le cacher, ça demande un effort. Il s’agit des Frères Karamazov, alors… Mais les acteurs sont tellement forts qu’ils réussissent, malgré tout ce texte (et cette littérature), à devenir des bêtes, des animaux, des animaux inoubliables, à suggérer la condition humaine dans son mystère comme une terrifiante animalité. Jeux outrés, expressionnistes, veines du cou saillantes et surarticulation allemande même filmés de près, ils débitent en hurlant, hors d’eux, possédés et pourtant dans l'amusement d'un incroyable second degré (peut-être les acteurs de Shakespeare jouaient-ils comme ça...) les kilomètres de cette littérature fascinante car presque incompréhensible pour les Occidentaux (sauf pour Gérard Depardieu), une littérature qui va dans tous les sens, c’est-à-dire autant dans la folie que dans la raison et même, on peut dire, complètement dans la folie parce que, si l’égalité est de fait, qu’est-ce que la raison ? Frank Castorf a raison de dire dans « Le Monde » (de ce week-end) qu’à côté « Goethe est comme un lac de montagne clair et limpide », à côté de Dostoievski qui, lui, serait comme un torrent (de montagne) qui arrache tout. « Il dit ce qu’il pense et parce qu’il dit tout, il est très proche de la vérité. » Vous connaissez l’histoire du rabbin qui prie Dieu tous les jours, plusieurs fois par jour : « Oh, mon Dieu, faites que je gagne au loto, faites que je gagne au loto... » ? Pendant trente ans, il ne pense qu’à ça, il ne demande que ça et avec une si rare obstination qu’à la fin Dieu, exaspéré, répond de sa voix de tonnerre : « Mais… au moins, JOUE ! » Oui, c’est ce que dit cette littérature de spectacle. « L’homme est libre seulement dans le jeu », cite encore (de Schiller) Frank Castorf dans cette interview du « Monde » (qu’on trouve encore). « Il ne s’agit pas de ce que j’imagine, mais de l’exécution de ce que nous sommes en train de faire, ensemble. » C’est un génie du théâtre, Frank Castorf qui vient de se faire virer de la Volksbühne. Mais pourquoi on ne l’accueillerait pas en France à la place d’un de ces gros nazes d’arrivistes qui dirigent fastidieusement nos théâtres ? (Que personne ne se sente visé, je donnerai les noms la semaine prochaine.) Et, nous, quel dommage qu’on n’ait pas eu le temps de le jouer, Dostoievski, à Lyon où nous avons fait pourtant beaucoup de belles choses, mais où nous avions encore plus d’ambition, Virginia Woolf, Dostoievski, nous avons répété cela… C’est triste, ces choses que j’ai toujours sous les yeux (Zoé Lemonnier, Virginia Woolf, Antoine Truchi, Dostoievski) inachevées et qui n’ont pas été jouées. 

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L a Courneuve



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