Sunday, November 20, 2016

« Je t'ai tout donné. »

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Bon, journée très noire — et tous ces messages sur FaceBook pour me dire de ne pas aller voter, affreux ! Mais je ne suis pas mécontent d’avoir contribuer à l’éviction de Sarkozy. On va pas sabler le champagne, mais, bon. Dimanche prochain je ne suis pas là (et les procurations sont impossibles), mais je pense qu’il faudra quand même voter Juppé plutôt que Fillon (si quelqu’un pouvait y aller à ma place). Je rappelle ma sensation : nous choisissons maintenant qui nous allons supporter pendant cinq ans si nous voulons encore une fois repousser Le Pen. Après Trump, Erdogan… Le Pen, ça ferait beaucoup, quand même, là… Je pense que Juppé a plus de chance contre Le Pen. Une autre raison de voter Juppé : je crains que Hollande ne se sente des ailes face à Fillon. Et, oui, faut éliminer Hollande... 

L a Beauté est une flèche lente


Les médias ont une responsabilité. Pas seulement les médias, mais énorme, quand même. Il suffirait quoi ? Il suffirait de ne pas parler de Trump, pas de Sarkozy, pas de Le Pen, pas de Erdogan, allez, juste des entrefilets et parler d’une autre réalité, celle qu’on rate à s’occuper les cheveux de tous ces débiles en campagne, il suffirait pour les journaux, les réseaux sociaux, les télés de fabriquer une autre réalité qui ne soit pas celle dédiée à ces psychopathes, ces pervers narcissiques avides de publicité et de faux pouvoir : ces milliardaires du pouvoir de la destruction… (Je sais, ils ont leur propres journaux et la foule adore les dictateurs.) Je suis allé à Massy, je suis descendu à la station Les Baconnets et j’ai marché dans cette grande ville inconnue moderne jusqu’à une salle de l’« Opéra de Massy ». Achraf Hamdi, un étudiant du cours JOUER COMME GERARD, à Pantin, m’avait invité à la présentation d’un atelier de théâtre (aussi de danse et de percussions) qu’il avait mené pendant quatre semaines avec des jeunes qui arrivent en France (regroupement familial ou immigration par les parcours habituels, pas les réfugiés…) C’est la mission locale de l’ANPE qui organise pour ces jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans des parcours de « professionnalisation » avec plein de formations différentes et, souvent, qui les envoie faire du théâtre, de la danse. Ce sont des ateliers obligatoires pour les socialiser, beaucoup parlent mal le français. Il y avait ce vendredi des Cap-Verdiens, des Maliens, des Sénagalais, des Maghrébins, des Pakistanaises, deux Indiennes et une Française qui n’était pas la moins à plaindre, très paumée, sa peau blanche ressortait comme celle d’une électrice de Trump du Midwest (l’un des organisateurs l'a fait, de la salle, disparaître de la scène à un moment parce qu’elle y utilisait son portable). C’était extraordinaire. Très émouvant. Au début, même, pour moi, trop, j’étais en larmes parce que je les voyais très, très proche du réel, très proche de la vie, pas de la vie des milliardaires, si vous voyez ce que je veux dire, mais des milliardaires dans un autre sens : ceux qui sont des milliards. Peu à peu j’ai compris comme ils s’amusaient, comme ils jouaient, à quel point leur joie était immense (et, certes, menacée comme l’est toujours la joie), à quel point ils dansaient bien, j'ai vu aussi. En ce sens, c’était une sorte d’anti-spectacle de Jérôme Bel ; ces jeunes, ils étaient laissés dans leur joie, pas dans leur misère, mais dans leur joie et leur beauté. Cette beauté, Marcel Proust en parle si souvent. Par exemple, cette phrase : « Mais la vraie beauté est si particulière, si nouvelle qu’on ne la reconnaît pas pour la beauté. » J’allais là-bas parce que je prépare un spectacle sur la beauté, intitulé, en tout cas, LA BEAUTE CONTEMPORAINE. J’aurais voulu y amener tout le groupe, à Paris, à la Ménagerie de verre, c'était eux, la beauté contemporaine, la splendeur, très loin des idéologies, je ne sais pas par quel miracle, le génie des animateurs sans doute... C’était une suite de sketches, cette fois-ci (ç’aurait pu être une pièce), des textes édifiants, des situations de la vie comme des mystères du Moyen Âge. C’était très fin, malheureusement assez bouleversant, comme je l’ai dit. On entendait des phrases comme : « Si les hommes n’avaient pas traité la planète comme ils ont traité les femmes, peut-être qu’elle se porterait mieux. » Oui, vous avez bien entendu, les hommes, pas les êtres humains, les hommes — et les femmes. Ou encore quelqu’un qui fait passer des entretiens d’embauches, au téléphone : « Allo, je t’avais demandé des filles belles et bêtes et, pour le moment, je n’ai que des moches et intelligentes. » Ou encore ce petit dialogue : « Je me réjouis de faire équipe avec vous. — Moi aussi je jouis… heu… Vous voulez un café ? — Non, j’aime beaucoup le café, mais ça m’excite, je ne vais pas dormir de la nuit… — Moi aussi, ça m’excite… » Essayez de bien jouer ce genre de choses, eux le font admirablement. Ou encore : « Ah, oui, je travaille dans une banque… — … — Eh bien, je suis technicien… — … — Technicien de surface… » Les amoureux tellement pressés… Ce qu’ils jouent le mieux, c’est l’amour.  Eh bien, vous savez ? il suffit de deux heures passées avec eux pour ne plus s’intéresser aux milliardaires qui nous gouvernent. Dehors, j’envoyais un message à Achraf : « Ça m'a foutu la patate ! » C’était le printemps dehors (plutôt que l’automne) dans une ville qui ressemblait plus à Berlin qu’à Paris, de la place, de l’air plus pur, des feuillages… Je prenais une photo ou deux, il y avait un immigré sous les feuillages, il m’a demandé de ne pas le prendre en photo, je lui ai montré qu’on le distinguait quand même très peu, il m’a fait confiance. C’est ce qu’il peut nous arriver de mieux dans ces temps de très grande destruction : comme avec les animaux qu’on extermine, savoir quand il y a la confiance, partager comme dans Le Voyage égoïste : « Aujourd’hui, il pleut si noir, et c'est tellement dimanche que je fais, avant que tu l'aies demandé les trois signes magiques : clore les rideaux, allumer la lampe, disposer sur le divan, parmi les coussins que tu préfères, mon épaule creusée pour ta joue, et mon bras prêt à se refermer sur ta nuque. » (De Colette.)

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Le soir, Isabelle m'avait reçu en chuchotant : Nico était en train de coucher Malik. Puis : C'est l'enfer, un gamin... surtout lui... on n'en peut plus... Nico n'en peut plus, là... Ça fait trois semaines qu'il est seul avec lui, il n'en peut plus. Je suis venu pour l'aider, mais, moi non plus, là, j'en peux plus... Marie était presque au bord de rentrer de sa résidence de Kinshasa. Isabelle pensait que Malik faisait payer le départ de sa mère. Plus tard dans la soirée, j'avais entendu, de son terrier, vagir ce petit monstre qui mettait à genou père et sœur du père. Il réclamait je ne sais quoi d'une petite voix éraillée de film d'horreur américain. Que sa porte soit plus entrouverte on avait fini par comprendre — et, le lendemain matin, je m'étais réveillé au son du piano juste à temps pour saluer une adorable créature de trois ans, toute habillée, sortie du nid ou du vagin de sa mère toute prête, emmitouflée pour le voyage vers la crèche, qui rituellement jouait du piano (comme chaque matin) et qui m'avait vigoureusement serré la patte quand son père le lui avait demandé — j'étais sous le charme.

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D éjà éliminer ces deux-là


Jean d’Ormesson le dit : « Juppé sera un Hollande de gauche ». Depuis l’élection de Trump on a compris que le tapis rouge qu’on voit se dérouler à Marine Le Pen année après année (avec accélération depuis quatre ans) arrivait jusqu’à la fonction suprême. Certains commentateurs parlent même de la possibilité qu’elle passe au premier tour. En tout cas, la possibilité qu’elle passe au second est plus affirmée depuis l’élection du raciste Trump, ami de Poutine et de tous les dictateurs (de plus en plus nombreux) dans le monde. Marine Le Pen soutenue par la Russie l’est maintenant par les Etats-Unis. Je pense que Stéphane Zagdanski a raison : le racisme et l’antisémitisme existeront toujours, la seule solution pour peut-être au bout de quelques générations de le faire diminuer aurait été (au conditionnel parce qu’il est probablement trop tard) d’interdire sévèrement par la loi toute manifestation raciste ou antisémite, xénophobe, etc. Tu dis « Ta race » dans une cour de récré, tu es puni. C’est comme ça, ce n’est pas bien, ça ne se fait pas, c’est interdit. Eh bien, c’est le contraire, puisque le porc le plus menteur, le plus cinglé, le plus raciste vient d’être élu aux Etats-Unis, ils n’ont pas pu l’arrêter (et « ils » sont coupables de cela). Situation en France. On sait depuis quatre ans que gagnera le représentant des Républicains, mais à présent on n’est pas sûr du tout qu’il gagnera. On n’est pas sûr pourquoi ? Parce que premièrement s’il s’agit de Sarkozy ou de Hollande contre Le Pen, moi, je me déplace pas — et Le Pen est élue. Et parce que, deuxièmement, si c’est Juppé, eh bien ce n’est plus sûr non plus. (Mais, au moins, là, je me déplacerai.) Je pense, comme j’ai déjà dit, qu’il faut se déplacer à la primaire de la droite pour éliminer Sarkozy — et par là-même Hollande qui attend et espère Sarkozy pour refaire le match — et puis ensuite on verra ce qu’on fera à la présidentielle...

O n accuse parfois les artistes


« On accuse parfois les artistes de vivre au crochet de la société, mais c’est exactement le contraire. C’est la société qui vit au crochet des artistes. Sans art, aucune société ne serait vivable. Ce sont les artistes, tous les artistes, avec leurs tentatives, leurs talents aléatoirement distribués, sur lesquels d’ailleurs ils n’ont guère d’influence, qui rendent quelquefois vivable le terrain de notre existence. De la mode aux mythes fondateurs, des films imbéciles aux livres profonds, de la musique aux images, en passant par les meubles, les couleurs, les formes, les idées, chacun se nourrit de culture, nul ne sait vivre sans culture. La culture — qu’on la juge vulgaire ou pointue — demeure la part la plus intime, la plus fondamentale de chacun. Si les artistes ne se sentaient pas autorisés à tenter, s’ils ne se battaient pas pour créer (la création est toujours une bataille), si seuls les grands artistes, ou seuls les génies passaient à l’acte, il n’y aurait plus d’artistes. On les accuse parfois d’être paresseux, mégalomanes. Il ne faut pas être artiste pour asséner une chose pareille : les artistes sont des hommes (et des femmes) qui ont des défauts d’hommes (et de femmes), mais leur quotidien est d’abord une permanence d’angoisse, de remise en question, de doute, de comparaison, de crise d’inspiration. Leur vie, un sacrifice parfois heureux. Ne jugeons pas les artistes sur leurs capacités, de toute manière disparates : remercions-les de créer tout simplement ; du moins ne les en empêchons pas. Nous avons besoin d’eux. »

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« Si vous voulez trouver les secrets de l'univers, pensez en termes de fréquences, d'énergies et de vibrations. »

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