Thursday, November 16, 2017

L e Sacrifice


Sébastien Bidault m’appelle. Il s’inquiète. Il réussit très bien dans Houellebecq (il a déjà donné un spectacle que Michel Houellebecq a vu et apprécié) et, au cours, après avoir essayé le monologue écolo dans Tchekhov (Oncle Vania), il continue finalement avec La Possibilité d’une île. Il a peur de s’y enfermer, peur d’une posture sacrificielle qui ne le mène à rien. Je lui réponds plusieurs choses : d’abord, que j’ai vu hier Gérard Depardieu chanter Barbara au Cirque d’hiver et qu’il est lui aussi, lui plus que tous les autres, dans une posture hautement sacrificielle. Bien sûr, il gagne plus d’argent que Sébastien, mais est-ce la question ? Je ne vois pas comment on pourrait faire ce métier sans cette posture. « J’entre dans la fosse aux lions / C’est ma vie, c’est ma déraison », chantait Barbara. Deuxième point, je lui réponds que sa sympathie avec un auteur, en l’occurence Michel Houellebecq est très rare et qu’en effet, il doit continuer ce compagnonnage, au risque de s’y enfermer et même de s’y perdre. Houellebecq a lui-même raconté qu’il avait vécu pendant des années dans la fraternité avec Charles Baudelaire et que, pendant des années, il n’avait eu qu’un ami et ç'avait été Baudelaire. C’est très beau, ça, il faut le vivre. Ensuite, c’est autre chose, c’est normal que Sébastien ait besoin de plus de reconnaissance, que ses spectacles soient joués. Oui, c’est difficile, ça, dans ce métier, le manque de reconnaissance. Il me dit que Houellebecq est détesté dans le milieu, je lui dis que pas du tout, il est adoré. Il est adoré (par moi, par exemple) et détesté. C’est les deux. Je lui dis que s’il souffre trop de cet « amour sans vacances » (comme aurait dit Duras : « Il n'y a pas de vacances à l'amour ») avec Michel Houellebecq, qu'il peut aussi aller voir ailleurs s’il y est (il y sera).

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