Thursday, June 08, 2017

« C’est la nature même de mon travail qui me pousse à explorer d’autres zones. »

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Je n'ai plus de travail. Mais ne plus avoir de travail, c'est encore en inventer. J'invente un théâtre qui se joue dans un café, un café idéal, avec des vitrines, dans un carrefour, dans un quartier « sensible », c'est-à-dire populaire, urbain, près du périphérique, outskirt, pollué, vivant, vivant dans tous les sens, un café associatif tenu par mon amie la chorégraphe Kataline Patkaï, il s'appelle « Pas si loin ». Et là-dedans, dans cette vie, dans ce réel, à la tombée du jour, on va y jouer L'Amant, le roman populaire de Marguerite Duras. C'est pour trente personnes. C'est entrée libre. C'est joué par Yuika Hokama, excessivement douée. Marguerite Duras associait l’écriture de ce roman différent au bonheur. C’est ce que je vous propose : un accès au bonheur (comme on dit « un accès à la mer »),
Yves-Noël Genod

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E tat de l’apparition


« Je vous ai dit aussi qu’il fallait écrire sans correction, pas forcément vite et à toute allure, non, mais selon soi et selon le moment qu’on traverse, soi, à ce moment-là, jeter l’écriture au-dehors, la maltraiter presque, oui, la maltraiter, ne rien enlever de sa masse inutile, rien, la laisser entière avec le reste, ne rien assagir, ni vitesse, ni lenteur, laisser tout dans l’état de l’apparition. »

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Y uika


Yves-Noël Genod et Le Dispariteur présentent en accord avec le café associatif « Pas si loin »   
L’Amant
de Marguerite Duras
par Yuika Hokama
Yuika Hokama est une danseuse que j’ai rencontrée à Lyon, oui,  par audition, quand je préparais Leçon de théâtre et de ténèbres, et je l’ai ensuite employée dans le plus possible d'épisodes de cette série, je crois que nous en avons fait cinq, à Lyon, cinq épisodes de cette grande Leçon de théâtre et de ténèbres qui nous a occupé tout l’automne 2015, chez Gwenaël Morin, au théâtre du Point du jour. 
L’un des spectacles de Lyon, N°5, était une masterclass. C’était joué : je jouais à faire le maître et les interprètes — de tout âge, d’ailleurs, puisqu’il y avait mon père — interprétaient les élèves sages ou indisciplinés. C’était en collaboration avec César Vayssié. A cette occasion, Yuika me propose un extrait de L’Amant, de Marguerite Duras, d’abord en japonais et puis elle le fait aussi en français — je lui demande de jouer comme une étudiante fraîchement débarquée, avec un accent japonais (Yuika n’a pas d'accent, en fait). C’est parfait. Et puis Yuika est à Paris et elle surgit un jour dans le cours Jouer comme Gérard que je donne dans le café Pas si loin ; elle a continué de fréquenter L’Amant et, pendant, je ne sais pas, je dirais peut-être quarante minutes, elle déploie — sans effort et sans accent — l’une des scènes les plus difficiles à jouer : quand, pour la première fois, l’amant chinois amène la petite dans sa garçonnière. Cette vie-là vécue. Le café « Pas si loin », à Pantin, devient soudain un lieu sacré. La vie continue derrière la vitre, prolifique, le carrefour, la lumière déclinante — et nous sommes, nous, en rapport avec notre « livre intérieur », comme l’appelle Marcel Proust. Ensuite, Yuika me reproche de n'avoir pas de « notes » à lui faire. Je réponds : « Que veux-tu que je te dise ? C’est excellent. Ce que je peux te dire, c’est que si Marguerite Duras était là, elle en tomberait à la renverse... » Oui, j’étais ramené à mon adolescence, Marguerite Duras, notre amour inaliénable. Comme Gérard Depardieu nous renvoie à nous-mêmes en interprétant les chansons de Barbara. 
C’est à ce bouleversement que je vous invite,
Yves-Noël Genod
C’est au 1, rue Berthier, à Pantin
Métro ligne 7, Porte de la Villette ou Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins
Les 14, 15 et 16 juin, à 20h30
Jauge très limitée
Réservation conseillée à cette adresse : gildas.goujet@gmail.com
Entrée libre

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