Sunday, September 10, 2017

Ah oui, quand tu veux l’année prochaine à Jérusalem, ce serait un plaisir je m’étais bien amusé chez vous avec les sublimes Congolais amenés par chameau. 
Oui, sinon, cette année, je te fais faux bond pour une cousinage, figure-toi ! C’est tout un spectacle à soi toute seule une bonne cousinage dans le Bugey (le Sud du Jura).
J’ai bien renoté ton numéro.
Et vous souhaite le meilleur pour le week-end qui compte !
Yvno
Hier à l’Opéra-Comique. Tu vois, j’ai commencé ma transformation (je ressemble un peu à Phia Ménard, non ?) 

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L e Chien



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U n stage en novembre (du 6 au 12) à Lausanne


Fabrique de star 
Je serais une star, je dormirais dans un lit de star, je boirais comme une star, je me nourrirais comme une star, c’est-à-dire très peu, bio et gratuit (fois gras et homard sur l’île), je ferais tout comme une star (je patine : qu’est-ce qu’elle font, déjà, les stars ?), mais (et) surtout je jouerais comme une star, ma peau illuminerait la beauté, ma coiffure, ma création, un couple de rêve, un acteur hollywoodien sinon rien, Alain Delon, Monica Bellucci, j’en passe et des meilleurs, je saurais y faire, je serais malin, j’apparaîtrais, j’arriverais texte su, j’aurais beaucoup travaillé les rôles, beaucoup étudié les ballets, les airs d’opéra, la jonglerie, les claquettes, et tout cela, tout ce travail, je l’oublierais instantanément, car il ne faudrait pas le montrer car vous êtes une star, une star naturelle, vous êtes nés comme ça, avec une cuillère en argent dans la bouche, vos parents déjà étaient des stars (déjà), vos enfants le seront, le travail ne se voit pas, vous recevrez des amis au bord de la piscine, vous improviserez, c’est obligatoire d’improviser, vous savez pourquoi ? parce que « l’unique joie du monde, c’est de commencer », je l’ai lu quelque part, et que vivre, c’est cela : commencer, à chaque instant. Roulez genèse !

La méthode de travail est à inventer dans chaque nouvelle situation — et toutes les situations le sont ; je cherche donc à ne pas avoir de méthode ou d’enseignement préconçu, je l’oublie, je cherche à considérer le groupe des stagiaires choisis ou non choisis comme une troupe de spectacle ou de cinéma à partir de laquelle nous devons, à partir des présences, des personnalités, des rêves et des rencontres, inventer un monde. The world is a stage, mais l’inverse est vrai aussi, il s’agit de considérer la scène comme un monde, « réunion des scènes infinie », comme dit Rimbaud dont je viens de travailler (pour l’Opéra-Comique, à Paris) quelques « illuminations » : beaucoup de monde-stage, beaucoup de « créations ». Mon travail se rapporte à la Genèse, aux récits de commencement (de toute culture et de toute forme). « Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. » Il sera demandé aux participants d’avoir dans l’idée — dans l’ambition — cette pluralité des sens, cette jeunesse. Tout ouvert. Il y a cette phrase de Rimbaud (qui a ouvert toute la poésie moderne) que je cite toujours : « littéralement et dans tous les sens. » C’est ça, jouer, c’est une littéralité qui inclue tous les sens, jusqu’à être et ne pas être. C’est aussi inventer — au sens où l’on nomme « inventeurs » les découvreurs de trésors. Cela ne se passe que dans le monde réel. Qui plus nous avançons — plus il s’approfondit. « Seule une pleine conscience et une grande sensibilité intérieure nous permettent de savoir que la vie est merveilleuse et horrible », dit, dans un tweet, ce matin, Edgar Morin.
Il est recommandé aux stagiaires de venir avec des matières déjà travaillées. Dans l’esprit d’une masterclass. Des choses contrastées, permettant des états de violence et d’apaisement, des folies et des lumières, des épiphanies, des cassures. Bien entendu, chaque fois, avec toutes ses possibilités, rendre compte du monde et de sa création.
Les stagiaires pourront prendre contact avec moi en amont pour échanger quant à leur désir et leur choix de matières. 
Le stage doit être considéré comme un travail de masterclass, c’est-à-dire de haut niveau, mais est ouvert à tous, il s’agit d’affirmer un travail, une excellence. Cette excellence peut se retrouver autant chez les professionnels que chez les amateurs et dans toutes les disciplines du spectacle (danse, chant, cirque, théâtre, cinéma…) et du non spectacle (toutes les activités que propose la vie sociale). Il est demandé une courte lettre de motivation, un CV et une ou plusieurs photos ou liens vidéo ainsi que tout document qui me permettrait de constituer un groupe. L’accent sera mis non seulement sur le travail individuel, mais sur l’ensemble et les échanges entre les vivants.  

Yves-Noël Genod, 10 septembre 2017 

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S piderman



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J'ai adoré les Wagner chantés en français par Philippe Estèphe et Lionel Peintre, qui finissait (avant une dernière salve d'Illuminations) la soirée de l'Opéra-Comique. Que Dieu fasse qu'on en fasse un jour quelque chose de sublime ensemble ! (ça l'était)

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L e Livre intérieur


On m’a posé la question, à propos de la reprise des cours d’interprétation JOUER COMME GERARD : « Faut-il venir avec un texte en particulier ? » Oui, c’est un cours d’entraînement, il faut donc trouver son propre matériau à partir de ce thème de la Genèse, c'est assez vaste, c'est la première fois que je donne un thème, mais on y trouve son bonheur, on l’a constaté en juin, il faut penser grand, ce sur quoi on a envie de travailler en grand et pour longtemps, pour aboutir à un spectacle (sinon on perd son temps à faire des petits bouts de trucs). On m’a posé aussi la question : « Peut-on participer si on se sait pas lire ? » J’ai répondu que je supposais que oui, que j’adore les danseurs plus que les comédiens (à qui on ne demande pas de savoir lire) et les circassiens plus que les danseurs et, de toute façon, des comédiens, mes préférés sont les illettrés comme s’émerveillait Duras de Gérard Depardieu (c’est pour ça que le cours s’appelle Jouer comme Gérard). Après, lire, savoir lire, c’est très rare, les gens ne savent pas lire, en général, dans ce métier, et, vous savez, c’est PHYSIQUE, c’est toute l’astuce et c’est pour ça que nous faisons du théâtre : faut plonger en soi-même.

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M ondanité


Je quittais à regret les anniversaires communs de Pascale et de Bettina dans cette maison d’espace et d’amitié si précise (et de couleurs), à Alfortville, non sans m’être demandé qui était cet Alfort qui avait une ville et des maisons (Maisons-Alfort), je regarderai sur Wikipédia. L’Uber-taxi rentrait dans Paris à la meilleure heure, j’étais calme enfin pour la première fois depuis une semaine, mais c’était aussi, comme je le disais, que l’intelligence de vie que l’on trouvait à Alfortville chez Pascale et Bettina (il y avait des enfants qui dessinaient, des jumeaux, un garçon, une fille, un jardin en friche), réconciliaient : oui, le monde n’était pas que ce qu’en disaient les journaux : du stress, du stress à se tuer, à se damner, mais aussi : le monde, vraiment, la poésie — et pas celle, tragique au possible, prophétique, de Rimbaud, « Le moment de l’étuve, des mers enlevées, des embrasements souterrains, de la planète emportée, et des exterminations conséquentes, certitudes si peu malignement indiquées dans la bible », mais celle, par exemple, d’un poète américain de maintenant (plus ou moins) qui disait : « Aujourd’hui les choses dans la rue n’ont pas l’air en forme ». Mais les choses justement avaient l’air en forme, c’était le coucher de soleil nuageux et l’entrée dans Paris par la Seine et la beauté d’une certaine fluidité, nous allions — le chauffeur, n’y connaissait rien et me demandait si nous n’étions pas près de la Bastille (les gens de banlieue ne viennent à Paris qu’à la Bastille) et son GPS ignorait aussi, curieusement, la rue des Francs-Bourgeois, il nous faisait continuer la rue des Archives vers le Nord, je devais montrer un peu d’autorité à cet aimable Béotien (« La féerie […] s’agite et module pour les Béotiens, dans l’ombre des futaies mouvantes sur l’arrête des cultures. »), nous allions à l’hôtel de Soubisse participer à la fête-tournage du film d’Arielle Dombasle, je dis nous car je m'étais accessoirisé d'Adrien (qui quittait un dîner) : un immense château vide, des enfilades d’espaces et d’escaliers, rempli et déserté tout à la fois d’hommes en smoking et de femmes en noir, très Eyes Wide Shut, ou en tenues plus extravagantes, turquoise et or, tous avec des masques de chats ou des allusions félines, des plumes ou des poils, Arielle dans une combinaison de Fantomette rouge à paillette (sans culotte), comment ça s’appelle ces trucs, ça a un nom… On aurait dit la « Fête étrange » du Grand Meaulnes. Marie Beltrami sous sa perruque rose réussissait d’un coup de ciseaux dans du papier doré des masques absolument magnifiques et Vincent Darré me demandait, quand je le raccompagnais à la grande porte, traversant la cour proustienne, si Adrien n’était pas par hasard « de la fanfare » (j’avais fait venir Adrien qui gagnait sa vie en tant que mannequin et s’était ennuyé plus vite que moi, ayant trop l’habitude de ces tournages de dizaines ou centaines de figurants dans le luxe des châteaux). Arielle était forcément merveilleuse, après chaque « Coupez ! » elle disait : « C’était for-mi-dable ! » et applaudissait, alors que le reste du temps, avant et après cette courte et merveilleuse emphase — ce qui produisait un contraste qui amusait tout le monde — on la voyait plutôt tendue, au travail. C'était d’ailleurs ça, la différence avec une vraie fête : une certaine contrainte qui devenait ennuyeuse, malgré la bonne volonté des gens, une absence de débauche, de boissons, de drogues, un peu de champagne quand même, sur le tard, et qui faisait que peu à peu l’assistance des danseurs et des discuteurs qui remplissaient les salles de l’étage se clairsemait, les gens s’échappant à l’anglaise, parfois en s’arrêtant longtemps dans les salles du bas, les communs des préparatifs, là, c’était tout différent, sans contraintes on pouvait traîner, faire semblant de rester, flirter, rêver Paris. Je réussissais à dire à BHL, quand Arielle nous présentait de cette façon : « Ça, c’est un grand metteur en scène qui fait des choses extraordinaires, Dominique Issermann en est absolument folle… », que j’avais enfin réussi à lire un de ses livres cet été, lequel ? Ennemis Publics. « Ah, oui, je l’aime bien, celui-là… », me  répondait-il. « Je serai simplement un invité dont tout le monde a oublié le nom », prononçait en lui-même le Grand Meaulnes déguisé souliers vernis.

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