Saturday, October 21, 2017

« Le sexe est plus facile à vivre pour moi que les émotions. C'est de la gourmandise, une belle énergie animale. Je n'y ai jamais rien vu d’effrayant. »

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« je n’accorde peut-être pas aux livres un statut suffisamment éminent, suffisamment sacré, pour moi les livres sont à refaire, de génération en génération, aucun ne peut se prévaloir d’un statut d’éternité »

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« Who in hell am I writing for? »

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(R erun)


Dessin de Didier Paquignon
«  Il faut émietter l'univers, perdre le respect du tout. »

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R erun ((selfie)



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C réer un chœur


Le spectacle sera (forcément, à cause du manque d’argent pour de la construction de paysages ou l'apparition d’animaux vivants ou empaillés, etc.) un spectacle lumière et musique. J’insiste comme je l’ai déjà fait sur la présence de Philippe au plus près du commencement. Ce qu’il faut aussi, c’est s’imaginer un chœur de nous qui travaillont à ce projet et ensuite des spectateurs qui aussi devront — c’est affreux, mais c’est comme ça — eux aussi y travailler (en espérant qu'ils ne s'en rendent pas compte). Tu travailleras à la sueur de ton front (ou de ton sexe, dit Pierre Guyotat). Voici, ci-dessous, les notes que j’ai prises de Philippe au bout du fil l’autre jour à Vézelay. J’insiste aussi sur le fait d’avancer sur la production. On a un tel travail encore ! Ce serait bien de trouver un théâtre qui dise : « Nous on le fait ! on le produit (en producteur principal) ». Ça permettrait de dégager ce temps qui nous manque. Personnellement, je suis extrêmement lent. Ou très rapide. Si on me dit le spectacle est dans quinze jours, ça me va très bien : je trouve les solutions. Sinon je suis très lent. J'ai travaillé avec une troupe (théâtre du Radeau) où on a passé parfois un an à la table avant de monter sur le plateau (puis ensuite presque un an encore sur le plateau). Travailler, c’est sérieux. Soit c’est intuitif et ça va très vite, soit c’est lent. On a choisi la manière lente, mais, pour le moment, par défaut, parce qu’on a tous des choses à faire. Il faudrait de l’argent pour pouvoir ne faire que ça — au moins pendant des moments, des sessions. Pedro qui est un génie a des kilomètres de la matière « Genèse » déjà produits. Il m’a fait écouter — entre Wagner et Ravel — des choses sublimes. Tout l’intérêt de cette nouvelle production, c’est le chœur que nous formerons, qui produira un spectacle qui ne ressemblera pas à ceux déjà explorés par Pedro (qui y ressemblera forcément, mais d'une manière inédite), cet ensemble qui ferait idéalement qu’on ne sache plus qui fait quoi. « C’est là l’essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque », dit Kafka à la fin d'une phrase sur la splendeur de la vie souvent reprise dans les spectacles du Radeau (mais que je n'ai pas entière sous les yeux). On ne devrait pas savoir qui est la naissance de quoi, lycée de Versailles, on ne devrait pas savoir si c’est la lumière qui commence ou la musique, si c’est l’idole ou la robe… Aussi, on devrait comprendre que cette histoire est pour les agriculteurs ! Pour cela il faut beaucoup de synergie, de disponibilité au miracle — mais à rien d’autre, radicalisme, aucun compromis, le miracle sinon rien (donc prévoir le rien). C'est l'imagination qui permet le miracle. Il faut entraîner un gros producteur, le convaincre que le spectacle coûtera de l’argent (lumière, dispositif sonore 3D) et son temps d’élaboration mais qu’il n’en aura pas l’air (d'en avoir coûter), c'est le truc.

Philippe : 
Un spectacle lumière et musique ; la lumière et la musique raconte la même chose ; il faut voir la lumière comme de la fréquence, elle s’arrête pas à la rétine, elle traverse le corps aussi — et aussi elle est dans l’inconscient collectif. Partir de la sensation de la lumière pas de son spectacle. Partir d’elle comme un matériau qui traverse tout le monde. La lumière, c’est une forme d’onde. Incidence sur le corps et sur le décor. La beauté plus dans le cœur de chacun que dans l’esthétisme. La lumière qui vient de l’intérieur de chacun. La lumière transmet ce message-là aussi transmis par le chant, la musique et par la présence de tout le monde parce que ça fait un chœur aussi. Lumière autant sur le public que sur le plateau, un seul espace, pas de différence entre la perception physique de la lumière par les chanteurs et celle des spectateurs (ce qui est difficile à réaliser à cause du manque d’accroches du côté salle). Qu’on touche, spectateurs et chanteurs, ces sensations de « premières fois ». Pas une chose spectaculaire, mais qui touche vraiment les gens. Un état grâce à la lumière pour les mettre dans une écoute de la Genèse. Que la lumière se créé avec. (Ne pas arriver à la fin comme d’habitude à l’opéra et ne plus pouvoir ne faire que des tableaux.) Trouver des moments à trois (aussi à deux, Pedro et Philippe, si trois est difficile) pour parler, prendre des notes...

Yves-Noël

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« mais tu vas pas passer ta vie près de la dame du lac parmi les choses transparentes »

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L e Pays chaud


Bon, il va bien falloir travailler… Bien qu’on se disait avec une amie (Dominique) qu’on n’avait rien envie de foutre, qu’on allait louer une villa dans un pays chaud et puis, voilà, vivre de nos rentes. C’est vrai quoi, les vacances, on le ressent, sont une manière plus réelle de vivre, pourquoi revenir aux tracasseries ? De toute manière, je n’ai jamais rien fait qu’en m’amusant, pourquoi ça changerait ? C’est pour ça que je n’ai plus trop de travail, d’ailleurs, parce que, maintenant, il faut faire des DOSSIERS et ça ne m’amuse pas tant que ça (moins que de lire Arthur Rimbaud). Il y en a que ça amuse, certainement. Pourquoi faut-il ? Pouvoir et surveillance, le cocktail est affaiblissant. 



« A vendre l’anarchie pour les masses ; la satisfaction irrépressible pour les amateurs supérieurs ; la mort atroce pour les fidèles et les amants ! » 
« Le milieu ambiant est l’âme des choses.
Chaque chose possède une expression propre, et cette expression lui vient du dehors. Chaque chose résulte de l’intersection de trois axes, et ces trois axes composent cette chose : une certaine quantité de matière, la façon dont nous l’interprétons, et le milieu où elle se trouve. Cette table où j’écris est un morceau de bois, c’est aussi une table, et c’est un meuble parmi d’autres dans cette pièce. Si je veux traduire l’impression que me cause cette table, elle devra se composer des idées qu’elle est en bois, que j’appelle cet objet une table, en lui attribuant certains buts et usages, et qu’en elle se reflètent et s’insèrent, en la transformant, les objets qui, par leur proximité, lui confèrent une âme extérieure, ainsi que les objets posés sur elle. La couleur même qu’on lui a donnée, couleur aujourd’hui ternie, et jusqu’à ses taches et ses éraflures — tout cela, notons-le, lui est venu du dehors, et c’est cela qui, bien plus que son essence de morceau de bois, lui donne son âme. Et le plus intime de cette âme : le fait d’être une table, lui a été donné aussi de cet en-dehors : la personnalité.
Je pense donc que ce n’est pas une erreur — ni humaine, ni littéraire — que d’attribuer une âme aux choses que nous disons inanimées. Être une chose, c’est faire l’objet d’une attribution. Il est peut-être faux de dire qu’un arbre sent, qu’un fleuve « coule », qu’un couchant est douloureux ou que la mer calme (bleue du ciel qu’elle ne possède pas) est souriante (grâce au soleil qui se trouve en dehors d’elle). Mais il est aussi erroné d’attribuer de la beauté à quoi que ce soit. Il est tout aussi faux d’attribuer aux choses couleur, forme et peut-être même existence. Cette mer, c’est de l’eau salée. Ce soleil couchant, c’est le moment où la lumière du soleil commence à décliner par telle longitude et sous telle latitude. Cet enfant qui joue devant moi est un amoncellement intellectuel de cellules – mieux encore, un assemblage rouages précis aux mouvements subatomiques, bizarre conglomérat électrique de millions de systèmes solaires en miniature.
Tout vient du dehors, et l’âme humaine à son tour n’est peut-être rien d’autre que le rayon de soleil qui brille et isole, du sol où il gît, ce tas de fumier qu’est notre corps.
On pourrait trouver peut-être toute une philosophie dans ces considérations, à condition d’avoir la force d’en tirer des conclusions. Je ne l’ai point ; je vois surgir, attentives, des idées vagues, sur des possibilités logiques, et tout se défait dans une vision de rai de soleil dorant un tas de fumier, comme de la paille humide obscurément broyée, jonchant un sol noirci auprès d’un mur de pierres grossières.
Je suis fait ainsi. Lorsque je veux penser, je vois. Lorsque je veux descendre au fond de mon âme, je m’arrête bientôt, l’esprit ailleurs, au début de la spirale que décrit le profond escalier, et regardant, par la fenêtre du dernier étage, le soleil dont l’adieu mouille de teintes fauves l’entassement confus des toits. »

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P edro rêve



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Titre (pour un roman peut-être à suggestion homosexuelle) :
Deux robinets coulent dans un réservoir

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L a Gare de Sermizelles



R amper ta langue


« Peut-on, peut-on agir déjà sous une autre forme que celle de l’existence ?
— Fais ramper ta langue, et mêle-toi à tous les individus qui sont dans la nature, et glisse-toi dans leur composition, et taille-toi un monde par association d’idées, et découpe-le, ce monde, et recouds-le, ce monde »

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L e dernier repas de Pedro



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« des garçons de passage 
Que j’ai tenté d’approcher, mais que ma mascarade
A fait fuir lentement par sa froideur maussade »

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D ans les journaux d’un train chaotique et ensoleillé tandis que le compositeur dort


« Que le millionnaire révèle, un peu christique, que même les winners sont des losers. Qu’il n’y a rien, tout en haut, quand on a réussi. Que l’existence consiste à merdoyer sur Internet. » 
« des losers délicats et discrets »
« liberté de penser et de rire »

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E t ta saleté


« Qu’en est-il de la poussière ? Je t’aime
comme la saleté. Sale bouche, tu me manques, 
sale sourire, oh et ma saleté
et ta saleté est sympa aussi. »

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