Sunday, November 05, 2017

R éponse à un questionnaire


— Qui êtes-vous Y.-N. Genod ?
Ça, c’est à vous de me le dire...
— En tant que lecteur, comment s'est manifesté votre premier contact avec la Recherche ?
Je l’ai lu à vingt ans, mais pendant trois étés, mille pages par été, dans la Pléiade. J’étais dans un endroit désert où je lisais à l’ombre d’une grange dans la pleine chaleur.
— Quel est votre personnage favori dans la Recherche, et pourquoi ?
Mon personnage favori est évidemment le narrateur puisque c’est celui avec lequel on a le plus de proximité, celui qui est le plus émouvant, celui qui s’en sort. Et c’est aussi la seule figure de « saint » au sens où François Mauriac disait qu’il n’y en avait pas une, malheureusement, disait-il, pour sauver le livre. Il se trompait, il y a le narrateur, qu’il oubliait. C’est lui, le plus proche de l’auteur et du lecteur, qui est le saint de cette histoire.
— Quel(s) lieu(x) de la Recherche auriez-vous aimé fréquenter ?
J’en ai fréquenté ! J’ai commencé à travailler sur ce projet dans l’hôtel des Roches noires à Trouville où Proust avait sa chambre. Je suis allé à Venise aussi. Je ne connais pas Illiers, en revanche...
— Quelle est votre réplique favorite ?
Une réplique ? Ne me vient ce soir que le célèbre retournement de Swann (et encore est-ce une phrase qu’il se dit à soi-même) : «  Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre !  »
— Quelle est l'adaptation cinématographique ou télé que vous préférez, et pourquoi ?
Je ne les connais pas. Le scénario d’Harold Pinter aurait sans doute fait un beau film…
- Quel acteur incarnant à l'écran le narrateur a vos faveurs, et pourquoi ?
Je n’en ai vu aucun.
— Avez-vous vu Les Français de K. Warlikowski ? Si oui, quelles furent vos impressions ?
Pas vu. 
— Le texte de votre spectacle a-t-il changé depuis la création à Paris au début de l'année ?
Le « même et pourtant autre, comme renaissent les choses dans la vie ». Cette citation de Proust conviendra, je pense.

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L a Rencontre


Marielle Pinsard
J'avais vu ce gars de dos y a longtemps, il disait des textes et c'était dingue. Je l'avais revu, ce mec, à poil dans un truc sûrement très bien. Et maintenant à Lausanne hier, à l’Arsenic, là, de face, habillé. Un diable rouge qui devrait vous transcender en nègre des mots de Proust ou plane l'âme de « la » Duras. C'est comme le champagne qu'on nous offre à l’entrée : léger, enivrant. C'est humain, dandy et chaleureux. Trop fort ! Allez y !

(Anonyme)
Yves-Noël,
Quel bonheur de partager mon temps avec vous hier et aujourd’hui, à l’Arsenic.
Enthousiaste de faire la découverte de votre existence, de votre corps dans l’espace, votre voix, votre regard, votre énergie, votre esprit…
Enthousiasme qui a donné sa place à un sentiment douloureux de nostalgie le soir même après votre spectacle…
Après une journée plongée dans ce souvenir de cette expérience sacrée d'hier, je suis retournée à participer à votre spectacle d'aujourd'hui, une deuxième, ou plutôt une première fois, vu que je ne suis plus la même personne depuis hier, ni vous d'ailleurs, votre spectacle non plus, mais autant électrique et bouleversant.
Je vous remercie de votre manière d'être que vous m'avez laissé palper ces deux soirées.
J’avais envie de venir vous remercier de près, mais j’ai eu tellement d'émotions que je ne pourrais pas exprimer ma gratitude à toute son ampleur.
En plus j'aimerais tellement profiter de votre présence pendant des heures et des heures que quelques secondes, c’était trop peu pour essayer.
Je vous remercie de votre Recherche en vous-même qui a fait cet homme que j’ai rencontré et m’a bouleversé hier et aujourd’hui

François Gremaud
Cher Yves-Noël,
Je me suis rappelé hier, en reconnaissant dans tes inflexions le ton satisfait de la duchesse hilare humiliant le prince, « Ça s’appelle un motif d’orchestre ! », cette soirée lors de laquelle, rentrant de Bruxelles pour passer un week-end à Genève auprès d’un garçon que je fréquentais alors, je me retrouvai au milieu d’un groupe de ses amis, à avoir tout ce que Genève comptait de gens auto-persuadés d’être incontournables. Au milieu de la tablée et de l’attention, cette maquilleuse de plateau qui, jacquetant et glosant à tout va, montrait ostensiblement qu’elle n’allait pas une seule fois daigner adresser ni la parole ni un regard à la quantité négligeable qu’aux yeux de tous je compris représenter. A un moment de la soirée, tandis qu’avec le seul voisin de table qui consentait à faire cas de ma présence je recherchais le nom qui m’échappait de « ces coqs que l’on castre pour en développer la chair », la maquilleuse s’arrêta net de parler et dans ma direction, en en adoptant sans s’en rendre compte toutes les attitudes, me lança : « Ben… Une poule ! ».
Je t’embrasse


Anne-Laure Brasey
Hello, 
Je me situe, j'ai fait le stage de la manufacture avec toi Anne-Laure.
Je suis venue te voir hier, vendredi, je suis partie vite, je devais libérer la baby-sitter...
J'ai l'impression d'avoir passé la soirée avec toi au coin du feu. J'ai envie de parler en « Je » parce que même si ce n'était pas le cas, j'avais l'impression d'être seule avec toi. Tu es le lien direct à la poésie, tu es poésie ! Avec légèreté, douceur et sincérité tu m'as fait découvrir Proust à travers ta pensée et c'était drôle et félin à la fois, tu es un chat.
Je me sens transformée, un peu plus entière depuis hier.
Merci pour ce moment. 
Paillettes, stras et résilles !

Anne-Laure

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L 'Art du présent


« Je n'évolue pas, je suis. Il n'y a en art, ni passé, ni futur. L'art qui n'est pas dans le présent ne sera jamais. »

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« Après des travaux sur la parenté, l’alliance, le corps, l’inceste, c’est l’universalité de la domination masculine qui a rapidement concentré votre attention.
Oui. Car c’est le cas depuis la nuit des temps, alors même que cette hiérarchie entre les sexes est une construction de l’esprit et ne correspond à aucune réalité biologique. Hommes et femmes ont les mêmes capacités physiques, cérébrales et intellectuelles. Mais la domination des hommes, qui structure toutes les sociétés humaines, est partie du constat, fait par nos ancêtres préhistoriques, que seules les femmes pouvaient faire des enfants : des filles, ce qui leur semblait normal, mais également des garçons, ce qui les stupéfiait.
Le coït étant nécessaire à la fécondation, ils en ont conclu que c’était les hommes qui mettaient les enfants dans les femmes. Pour avoir des fils, et prolonger l’espèce, il leur fallait donc des femmes à disposition. Des femmes dont il fallait s’approprier le corps car il importait que personne ne leur vole le fruit qu’ils y avaient mis. Des femmes sur lesquelles ils pouvaient aussi capitaliser, puisque ne pouvant pas coucher avec leurs sœurs, en vertu de l’interdit de l’inceste, ils pouvaient au moins les échanger contre les sœurs des autres hommes. Ainsi s’est créée une société parfaitement inégalitaire où la mainmise sur les corps et les destins des femmes a été assurée, au fil du temps, par des privations (d’accès au savoir et au pouvoir) et par une vision hiérarchique méprisante.
On ne peut pas nier une différence de stature physique qui accentue la vulnérabilité de la femme.
Même cette dysmorphie a été construite ! J’ai une jeune collègue qui a travaillé sur ce sujet et elle montre que toute l’évolution consciente et voulue de l’humanité a travaillé à une diminution de la prestance du corps féminin par rapport au masculin. Depuis la préhistoire, les hommes se sont réservé les protéines, la viande, les graisses, tout ce qui était nécessaire pour fabriquer les os. Alors que les femmes recevaient les féculents et les bouillies qui donnaient les rondeurs. C’est cette discordance dans l’alimentation – encore observée dans la plus grande partie de l’humanité – qui a abouti, au fil des millénaires, à une diminution de la taille des femmes tandis que celle des hommes augmentait. Encore une différence qui passe pour naturelle alors qu’elle est culturellement acquise. »

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« Mallarmé écrivait qu’une danseuses est « un poème dégagé de tout scribe » »

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J’ai parlé de toi, ce soir, à la dernière, j’ai reraconté l’histoire de « Il neige » en te nommant et du coup j’ai aussi dit plus tard que c’était dans ton appartement à Trouville que j’avais commencé ce travail. C’était chouette !
YN

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Qu'il est con, ce Demorand, c'est pas possible... Là, c'est le type même du patron crétin dominant qui « recadre » et qui dit sans vergogne : ma connerie a raison puisque je suis le chef, point, on ne critique sa boîte depuis son poste de travail. Pour moi, c'est pire (et bien plus répandu encore) que le sujet du jour harcèlement sexuel à la papa

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C’était génial, merci Lausanne ! Là, maintenant, à l'hôtel Crystal, je referme Proust et sa générosité infinie pour commencer demain qqch de plus moderne, un workshop, toujours au théâtre de l’Arsenic, intitulé FABRIQUE DE STAR. On va s’amuser ! Hollywood et son puritanisme et son hypocrisie n’ont qu’à bien se tenir. Et on présente nos travaux samedi et dimanche prochain — à 19h. 

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